Ne sachant pas quoi faire de la fin de mes vacances, j’avoue passer pas mal de temps sur les réseaux sociaux. Entre deux photos de jeunes filles a moitié à poil faisant la chasse aux commentaires positifs, je suis tombé sur un évènement qui a attiré mon attention : Un blocus juste à côté de chez moi sans pour autant en avoir entendu parler nulle part. Par curiosité je m’inscris au groupe en m’attendant à voir une cinquantaine de lycéens avec des arguments digne de « 9-4 on baiz tout ».

Mais en fouillant ce groupe, j’ai découvert de nombreuses personnes, âgées de 14 à 18 ans, avec des argumentations clairement exposées et répliquant aux gens ne partageant pas leur opinion avec une grande maturité et un sens de la répartie aiguisée. Alors bon, j’ai pris contact avec l’un des organisateurs du blocus (un jeune de 17 ans) dans le but de faire un tour le lendemain sur le site où se situent les manifestations. C’est ainsi que le Lundi 10 septembre 2012, sur les coups de 14h, je me suis retrouvé à Fontenay-sous-Bois.

J’avoue avoir appréhendé un peu cette rencontre, les médias nous inondant avec des images de lycées et de collèges de banlieues mis à feu et à sang par des individus armés de cailloux, masqués par des capuches et vêtus de survêtement bas de gamme. Mais en arrivant devant l’établissement scolaire, ce mythe fut vite détruit : J’y ai trouvé une soixantaine de lycéens réunis sur la place devant leur école, discutant calmement devant une barricade bien fournie à l’entrée du bahut (faite de matelas, de fauteuil, de caddies, de planches,…).

En arrivant je me suis mis à discuter avec des secondes, arrivés fraichement du collège et n’ayant jamais mis les pieds dans un lycée en raison de la grève. Afin d’en savoir un peu  plus, je me suis mis à chercher l’un des organisateurs de cette manifestation. Lorsque je lui ai proposé de répondre à mes questions, il convoqua les autres leaders (la plupart étaient des terminales,  deux étaient des filles, les 3autres étaient des garçons). Assis sur un canapé en lambeaux, ou sur le sol, nous avons commencé l’entretien. Leurs revendications : «Ouvrir une nouvelles classe pour les 2nde , nous ne trouvons pas ça normal que pour leur première année dans le lycée, ils se retrouvent à 35 par classes. » Un autre lycéen répond : « En terminale, nous avons le même problème de surpopulation des classes, mais nous pouvons gérer, nous savons qu’il faut travailler en vue du bac. »

Les élèves affirment que les professeurs sont à l’origine du mouvement : « Nous les soutenons. Ils ne restent pas là les bras croisés à nous regarder nous battre pour eux : Ils distribuent des tracts à la sortie des RER, ils tiennent des discours ».

Des terminales et des premières, peu  concernés par les classes surchargées, participent également au mouvement : « Nous avons nos petits frère, nos petits cousins, les petits de notre quartiers qui viendront étudier ici tôt ou tard et nous ne voulons pas qu’ils subissent le même sort que les secondes actuellement », affirme l’un d’entre eux.

Tout ce qu’il demande au rectorat c’est une nouvelle classe de seconde pour désengorger les salles de cours. Le mouvement se déroule pacifiquement depuis une semaine. Le blocus n’empêche pas les élèves et les profs non grévistes d’entrer dans l’établissement. Vers 20 heures, hier soir, le rectorat donne sa réponse aux revendications des élèves : il n’y aura pas de classe supplémentaire.

En rentrant chez moi, je me dis que c’est dommage que ces lycéens calmes et pacifiques n’aient pas obtenu gain de cause et que leur mouvement n’ait pas eu une grande publicité. Quand un blocus lycéen tourne mal, comme à Montreuil en 2010, toutes les caméras sont là.  Enfin comme dit le proverbe : « Un arbre qui tombe fait plus de bruit qu’un arbre qui pousse ».

Tom Lanneau

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