Mai est décidemment un mois de révolutions. Qui eût cru qu’en ce 16 mai 2009, Bondy Blog puisse recevoir la plus prestigieuse récompense du journalisme écrit, le prix Albert Londres ?  « Incroyable ! », me direz-vous, et pourtant. Cette consécration ne fait qu’entériner une tendance inexorable dans la presse : elle se webise ! À la baisse de leur tirage, les rédactions firent face à un autre phénomène : le départ de leurs journalistes sur la toile, laissant le papier pareil à un no man’s land.

Tout de suite, les réactions des patrons de presse se firent entendre : le « Blog, ce n’est pas du journalisme », comme si l’information, en même temps qu’elle se numérisait et quittait ses caractères gras, perdait son essence journalistique, délaissait ses sources et échangeait son analyse par une interprétation toute éditorialiste, comme il en pullule sur le Web. En somme, un océan de blogs ne pouvait que vulgariser l’information, noyée dans la masse du tout-écrivant. Mais qu’en était-il des journaux et magazines, réduits à quelques résistants sur un marché sans cesse plus déclinant ?

Mais n’allez pas croire que cette bérézina ne fit que des malheureux. Au contraire, nous autres, les blogs, étions heureux d’être, pour la première fois, considérés comme de vrais rédactions par les journalistes transfuges. Pour eux, le choix fut vite fait : ils ne pouvaient plus rester dans des rédactions où ils devenaient chaque jour de plus en plus des « animateurs », à l’instar de la télé-divertissement, « présentant » l’information plus qu’ils ne la faisaient. Aussi, comment supporter que ses lecteurs achètent le journal uniquement pour le DVD cadeau et ses dossiers toujours les mêmes : « Le vrai pouvoir des Francs-Maçons » ? (Argh !) Et comment résister à rejoindre un média, Internet, qui donne à s’exprimer dans de multiples formats ?

Les sponsors ne s’y sont d’ailleurs pas trompés. Ils investissent en masse dans le Web et font un travail de veille au quotidien pour dépister les nouveaux talents. Quand je pense à ces années où Bondy Blog perdait la moitié de son temps à courir les sponsors pour maintenir en vie la plume (pardon, le « curseur ») de nos jeunes blogueurs ! Mais c’était sans compter sur leur incroyable vitalité et leur énergie, propres à soulever des montagnes et à faire sortir les bourses des plus grands groupes (Oui ! Lorsqu’on reçoit l’Albert Londres, on peut faire dans l’autocongratulation).

Le plus surprenant, c’est cette loi que les économistes connaissaient bien et que les « partenaires » du Web ont tardé à reconnaître dans le nouveau média : la longue traîne ! En gros, les millions de disques vendues par les Rolling Stones et autres Céline Dion ne représentent que 20% des ventes totales, quand l’ensemble des « Cumbia Forever » et « Musiques tziganes chantées par des Ouzbeks » (3 disques) totalisent 80% des ventes. Incroyable ? Eh bien, c’est ça aussi Internet, trouver l’information qui nous correspond, celle qui ne fera jamais l’objet d’un billet dans la presse traditionnelle, celle qui, à défaut de toucher 20% de l’audience, en concerne que 0,0001. C’est pourquoi nos partenaires n’ont pas tardé à nous rejoindre et à donner une nouvelle ampleur au Bondy Blog.

Là, je sens que vous allez objecter : « Mais c’est quoi vos histoires ! Le Prix Albert Londres ne récompense pas les journaux mais seulement un journaliste ! » Vous auriez raison. En réalité, le Prix a été décerné individuellement à tous les blogueurs de Bondy Blog, Dakar Bondy Blog, Marseille Bondy Blog, Lyon Bondy Blog, Lausanne Bondy Blog, Business Bondy Blog. Car leur travail, réuni en commun, représente les 20 et 80% de l’information qui vous intéresse vous, à Bondy, Marseille, Lyon, Lausanne, Dakar…

Romain Santamaria

Romain Santamaria

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