Le braquage du supermarché Lidl, hier matin à Sevran, en Seine-Saint-Denis, s’ajoute à une longue liste d’infractions du même type, en hausse spectaculaire. Entre le printemps 2007 et le printemps 2008, « le nombre de vols à main armée (armes à feu seulement) est passé de 5500 à 6700 », indique le commandant Christophe Gesset, membre du syndicat de police Synergies Officiers, qui cite des statistiques de l’Observatoire national de la délinquance. Durant la même période, les braquages de commerces dits de proximité, commis avec des armes à feu ou des armes blanches, ont enregistré un bon de « 40% », ajoute, de mémoire, le policier.

L’un des aspects marquants de cette réalité est l’âge des malfaiteurs. « De plus en plus de personnes interpellées sont mineures. Certaines ont entre 10 et 13 ans, d’autres entre 15 et 18 ans, explique Christophe Gesset. Auparavant, le passage à l’acte du vol à main armée était le CAP des voyous. Il y avait une sorte de montée en puissance et en grade de l’apprenti délinquant. Aujourd’hui, cela se produit beaucoup plus tôt. On passe directement du trafic de shit au braquage de magasins. C’est devenu le secteur d’activité des losers. »

Les auteurs de ces faits, dont les victimes sont souvent des épiciers de quartiers, n’empochent pas de gros sommes, quelques centaines d’euros, quelques milliers « au mieux ». « Contrairement au mythe du jeune qui vole pour venir en aide à sa famille pauvre, l’argent ainsi soustrait est dépensé vite fait en Nike et autres soirées festives dans des lieux parisiens peu accessibles à des bourses modestes », souligne l’officier de police.

Dans certains cas, les victimes connaissent leurs agresseurs et ne les dénoncent pas systématiquement aux forces de l’ordre. « Elles hésitent à le faire par crainte de représailles, parce qu’elles connaissent les grands frères, petits frères ou petites sœurs des auteurs de ces vols, précise Christophe Gesset. Mais il arrive aussi qu’elles ne les dénoncent pas pour ne pas porter préjudice à l’auteur de l’effraction, qui peut être le petit dernier d’une famille. »

Ces attaques à main armée, en augmentation, pourraient laisser croire que de « véritables cargaisons d’armes » se promènent en France, selon les termes du policier. Il n’en est rien, affirme-t-il : « La législation française en ce domaine est l’une des plus sévère du monde. Des braqueurs utilisent parfois des armes factices, les imitations semblant aussi vraies que nature. » Mais vraies ou fausses, ceux qui s’en servent pour commettre des vols encourent les mêmes peines. Et lorsque cela s’accompagne d’une prise d’otage(s), la punition peut aller jusqu’à la perpétuité.

Antoine Menusier

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