C’est très joyeux dans la camionnette de Hassan le propriétaire du « Bazar d’Agadir » au centre de Bondy. Hassan est originaire du Maroc, habite à Bondy depuis 30 ans et rien ne semble pouvoir entamer la bonne humeur de ce père de six enfants. Ce matin, comme tous les autres matins, il écume les ventes aux enchères forcées des faillites. « Parfois c’est chez des privés, parfois dans des entreprises. »
Je me retrouve en compagnie d’une quinzaine de brocanteurs dans une pièce minuscule d’une entreprise de couture au 105 rue de Paris à Bobigny. Quelques outils de tissage, un vieux fax et un stock de tissus empilé dans un coin. Pas d’émotion sur les visages des participants à la vente qui ont tous entre 40 et 50 ans. Des mises aux enchères forcées, ils en font tous les jours, alors ils ne songent plus vraiment à ceux qui sont en train de tout perdre en ce moment.
– « Enchère à 300 euros pour le lot de tissus », crie le commissaire priseur avec une sévérité atténuée par la routine. Silence. « Allons, un effort messieurs! »
– « 200 euros » répond un malin par devant.
– Ah non, on ne fait pas des lots à 200! Silence
-« 310 » dit un autre par derrière.
– « 350 » renchérit le malin de tout à l’heure.
– « Adjugé »
En moins de 10 minutes la vente est achevée et l’ensemble des objets est dispersé entre les vendeurs. Je demande à Hassan comment cela se passe chez les privés. « Ils sont prévenus à l’avance et ils cachent en général les meilleurs objets chez des connaissances. Mais parfois il y a des commissaires priseurs malins qui viennent faire des photos des meubles avant la mise aux enchères. Comme cela, le vente génère plus d’argent. »
Pierre Nebel