Nous avons à nouveau rencontré Saïd Hammouche, co-fondateur et directeur général d’ APC Recrutement. L’association a continué son développement, aidant les entreprises à dénicher des profils originaux issus des banlieues mais porteurs d’une véritable valeur ajoutée pour l’entreprise. Saïd aime insister sur le fait que l’association s’inscrit d’abord et avant tout dans une démarche commerciale envers les entreprises. Son propos est d’ailleurs très clair : il veut lutter pour l’insertion sans victimisation, permettre à des entreprises de recruter des personnes compétentes et talentueuses issues des banlieues. Dans cette logique Saïd insiste sur le fait que les profils recrutés sont d’abord des « individus » plutôt que des « diplômés » : APC Recrutement s’intéresse aux cursus non linéaires, plutôt que de recruter des clones, l’association recherche le potentiel des individus.
Mais avec le succès de nouvelles idées naissent et l’association ne veut pas en rester là. Dans ses cartons l’entreprise déborde de projets. Elle souhaite construire un réseau national, une sorte de fédération APC Recrutement. Une telle structure permettrait de créer un effet d’échelle intéressant dans la mise en relation des employeurs et des candidats. Saïd espère aussi construire prochainement une pépinière d’entreprises, permettant l’hébergement de nouvelles sociétés dans un centre d’affaires et leur offrant l’accompagnement nécessaire pour faciliter leur développement. Et à voir la flamme qui anime Saïd, on se dit qu’on n’a pas fini d’entendre parler de ses projets.
Cependant, au fil de la conversation, je ne peux m’empêcher de penser qu’APC Recrutement développe une double identité : l’association s’inscrit dans une logique économique et commerciale envers les entreprises partenaires. Mais elle ne peut oublier non plus ces « clients sociaux » que sont les jeunes talents issus des banlieues. Ainsi lorsqu’APC identifie une opportunité pour un jeune, elle n’hésite pas un instant à l’aider même si de telles missions d’outplacement sont souvent plus sociales que commerciales. Saïd semble conscient de ces contradictions, une forme de grand écart que l’association vit au quotidien et qui pour l’instant la pousse à conserver cette structure associative. Mais à voir l’ambition affichée, on se dit qu’APC Recrutement pourrait être amenée à faire des choix difficiles dans le futur : être au service des entreprises ou des talents issus de la banlieue ? Lequel est le moyen, lequel est le but ?
A suivre !
Cédric Roussel