20130130_150130[1]L’arrêt rendu par la cour d’appel de Paris, mardi dernier, prévoit la suspension du plan social de PSA Peugeot Citroën. Les salariés de l’usine d’Aulnay y voient une lueur d’espoir, la direction dément la suspension. Quel impact aura réellement cette décision ?

La nouvelle a fait le tour des médias mardi dernier. La Cour d’appel de Paris suspend le plan de restructuration de 8000 emplois, annoncé par PSA Peugeot Citroën en juillet 2012. L’instance a été saisie par la CGT de Faurecia, filiale du constructeur automobile (détenue à 57%), laquelle aurait omis d’informer son Comité Central d’Entreprise (CCE).  Cette filiale gère notamment la fabrication des sièges et des pare-chocs. Cette suspension prendra fin une fois la procédure « d’information-consultation » mise en œuvre. En d’autres termes, une fois que le groupe PSA aura informé le CCE de sa filiale.

« C’est une restructuration qui a un impact sur les sociétés Faurecia, et notamment Faurecia Intérieur Industrie, et par conséquent les institutions représentatives du personnel doivent être informées et consultées sur la restructuration en cours », a expliqué, à la presse, Fiodor Rilov, avocat de la CGT Faurecia.  «On espère que la fermeture de l’usine d’Aulnay sera retirée», a-t-il ajouté.

La direction du géant automobile ne voit pas cette décision de justice de la même manière. Dans un communiqué publié mardi dernier, elle affirme que « la Cour d’appel ne remet pas en cause la procédure d’information-consultation menée par PSA Peugeot Citroën dans sa Division Automobile. » La suspension annoncée par Me Rilov est démentie clairement par la direction de Peugeot : « La procédure d’information-consultation concernant le projet de restructuration industrielle de PSA Peugeot Citroën n’est donc pas suspendue et encore moins annulée. »

« Ça permet de gagner du temps »

 Pour Jean-Pierre Mercier, délégué CGT de PSA, cette décision redonne de l’espoir : « c’est une très bonne nouvelle pour les salariés. La direction se croyait au-dessus des procédures. Ce n’est qu’une suspension provisoire, le temps que Faurecia réunisse son CCE, mais ça peut nous faire gagner du temps. » Connaissant la position de sa hiérarchie, Jean-Pierre Mercier relativise mais reste convaincu : «  ça n’annule pas le plan de restructuration, c’est vrai. La direction peut nier à la presse mais les faits sont là. »

Pourtant, des projets d’implantation d’entreprises étaient déjà en cours, avant l’arrêt de la Cour d’appel. Cela va-t-il freiner ces implantations ?

« Sur les entreprises qui viennent s’installer, pour le moment, il n’y a que « ID Logistique »,  et franchement, leur position de reprendre qui ils veulent, ça ne me rassure pas », explique le syndicaliste. « Ça, c’est du concret pour nous ! », se félicite un employé, la trentaine et treize années d’ancienneté à PSA. «Les gens sont contrariés, on a joué avec leur avenir. On veut du concret maintenant, des choses sérieuses, un emploi derrière, pour l’instant c’est que du blabla »,  explique-t-il, tout en attendant son bus. « Cela donne un peu de temps, mais pas beaucoup. Cela étant, c’est quand même une victoire », estime Marie-Laure Dufresne-Castets, avocate de la CGT de PSA. « a ne fait que suspendre, ça ne remet pas en cause le plan en lui-même. »

Le site d’Aulnay au cœur du SDRIF

Le cas de l’usine d’Aulnay a été largement évoqué lors de la séance du conseil général du département jeudi 31 janvier 2013. Majorité et opposition  se sont opposées face à la situation du site, concernant le Schéma Directeur Régional d’Ile-De France (SDRIF).

Gérard Segura, maire PS d’Aulnay-sous-Bois, a défendu sa vision sur l’avenir du site : « Je ne pense pas, qu’aujourd’hui, la revendication première, ce soit le maintien de la revendication automobile sous les formes précédentes. Je pense plutôt, je peux me tromper, que la préoccupation essentielle de l’ensemble des salariés et de l’ensemble des syndicats est le plan social qui en découle et les décisions en matière de ré-industrialisation.» Le politique a aussi tenu à rappeler sa proposition pour l’entreprise automobile dans ce dossier : « je vous propose le maintien du site de PSA ou sa revitalisation et son industrialisation. On couvre toutes les hypothèses possibles.»

Stéphane Troussel, président du Conseil général de Seine-Saint-Denis, suite à des propositions de différents élus, a proposé une légère modification, pour le site du grand Roissy et notamment de PSA avec l’amendement suivant : « l’enjeu du maintien du site de PSA ou sa revitalisation et son industrialisation est un élément clé qui n’est pas mis en avant. » L’amendement a été approuvé, laissant un élu (PCF) mécontent, car il n’a pu s’exprimer sur le sujet. La parole ne lui a pas été accordée, faute de temps, lui précise Stéphane Troussel. S’abstenant, il a estimé dans un communiqué, le manque de précision du nouvel amendement et a ajouté qu’« on ne peut pas laisser dire que les salariés de PSA ne souhaitent pas le maintien de leur emploi sur le site d’Aulnay. Il est toujours difficile de s’exprimer à la place des personnes concernées et ce, d’autant plus, lorsqu’on ne leur laisse pas d’autres options. Les salariés de PSA n’ont pas fait le choix de la fermeture de leur usine, et les 440 salariés recensés qui se sont engagés dans un mouvement de grève pour s’opposer à cette fermeture accréditent cette idée. Ce sont la direction et les actionnaires de PSA qui l’ont décidé. »

 Contacté par le Bondy Blog, le maire d’Aulnay-sous-bois n’a pas répondu à notre demande d’interview. La situation de PSA Aulnay reste au cœur des préoccupations et des décisions prises dans les collectivités du département. Arrêt de la cour d’appel ou pas, les projets se poursuivent.

 

Imane Youssfi

 

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