Harry est un jeune Rosnéen de 21 ans. Titulaire d’un baccalauréat professionnel comptabilité. Les chiffres et le plan comptable ne sont plus à son goût, il part donc à la recherche d’un plan B. « Je voulais me lancer dans la création d’entreprise, mais c’est encore en projet. En attendant il me fallait un boulot qui soit dans la continuité de mes études, un travail du genre gestionnaire-comptable. »
Aussi à l’aise avec les chiffres que dans l’eau, Harry a toujours rêvé de devenir maître-nageur. Dans la vie on apprend à ses dépens qu’on ne fait pas toujours ce que l’on veut. Il n’y a pas de chemin tout tracé. Le retour à la réalité est obligatoire pour avancer dans des meilleures conditions. « Après l’obtention de mon diplôme, je me suis inscrit à la mission locale pour pouvoir rentrer dans la vie active. J’ai bien sûr fait des petits boulots en attendant d’en trouver un qui soit plus dans mes cordes. Par l’intermédiaire de la mission locale, je me suis inscrit à un salon de l’emploi public à la préfecture de Bobigny. J’ai postulé et ma candidature a été retenue. » Harry peut enfin sortir la tête hors de l’eau. Avec ou sans crawl, il nage vers des océans moins troubles portés par son ambition.
« Je suis maintenant gestionnaire APRE (Aide Personnalisée du Retour à l’Emploi) au Conseil général. Le poste consiste à aider les allocataires du RSA à reprendre une formation ou un travail. Je m’occupe d’eux de façon administrative, car entre eux et moi, il y a un référent (Pôle emploi ou Service insertion RSA des projets de la ville) qui se charge d’envoyer les pièces pour le dossier. Mon rôle est la supervision du dossier avant le passage en commission. » livre Harry avec minutie. « Chaque gestionnaire défend son dossier comme au tribunal pour que les allocataires obtiennent des formations favorisant le retour dans la vie active. Les responsables valident selon les critères requis pour l’APRE. Les allocataires sont en général des gens qui ont vécu à l’étranger, diplômés, et dont les certificats ne sont pas reconnus en France. Il y a également des gens qui sont peu diplômés. La tranche d’âge de ces profils varie entre 23 et 55 ans, en toute parité. »
Lourdes sont les responsabilités et les conséquences de leurs actes. La jeunesse est-elle un fardeau ou un avantage dans ce monde où il côtoie des personnes qui sont à la reconquête de leur existence ? « En fait, je n’ai que des contacts téléphoniques et par mail avec les référents et les allocataires. Je n’ai pas eu de souci car je m’exprime plutôt bien au téléphone et l’on ne peut pas déceler mon âge. Je me suis intégré vite car au début je n’étais qu’un simple renfort des gestionnaires. Je les épaulais dans leurs taches et décisions quotidiennes. J’ai appris sur le tas, et j’ai eu droit à un passage de témoin, une formation de l’ancien gestionnaire que j’ai remplacé après qu’il aie changé de poste. Ma responsable m’a demandé si j’étais prêt pour ce changement, je n’ai pas hésité une seule seconde… J’étais paré à mener les opérations seul » lance fièrement le jeune gestionnaire.
« Au début, c’était un peu gênant, car je suis le seul garçon du service pour une quinzaine de femmes. Je vous avoue que ça fait un peu bizarre au début, mais après on s’y fait. Il faut dire que c’est un bon métier, car avec ce que je fais, je peux changer la vie de certaines personnes et ainsi leur donner un coup de pouce dans leur vie professionnelle. On accompagne les personnes, un lien, une histoire se créent et ça donne la force d’aller jusqu’au bout ! »
Lansala Delcielo