Ce devait être une heureuse rencontre. J’étais à la mission locale de Bondy dont la fonction est d’orienter les jeunes dans leur recherche d’emploi. Devant le bureau d’une conseillère, un jeune homme d’environ 24 ans règle les derniers détails de son entretien. Lorsqu’il passe à côté de moi, je reconnais un ancien élève plongé dans la lecture d’un document.
C’est Chaouki, un élève qui a marqué son passage. Bon élève, sympathique qui prenait souvent la parole, délégué de classe…
Il a toujours le même sourire accroché au visage et me demande poliment des nouvelles. Je lui dis qu’en ce qui me concerne, je suis toujours dans le même lycée, que tout se passe bien. Lorsque je lui demande ce qu’il devient depuis tout ce temps, il fait une grimace.
«Et bien moi Monsieur, je galère un peu, c’est pour ça que je suis là».
Pourtant j’avais eu quelques nouvelles de lui et elles étaient plutôt bonnes. J’avais appris qu’il avait eu un BTS commerce international au Raincy et qu’il avait poursuivi avec une licence puis une maîtrise d’AES option commerce international, dans la foulée.
Il me confirme son parcours d’un seul trait comme s’il l’avait récité des centaines de fois.
Je me souviens qu’il avait obtenu le Bac avec mention. « 12,33 de moyenne Monsieur ! » me dit-il fièrement.
Et aujourd’hui, qu’est-ce que tu fais ?
«Depuis que j’ai eu ma maîtrise en 2004, je n’ai fait que des petites missions. En ce moment, je travaille chez Onet, une entreprise de nettoyage dans le métro en attendant de trouver quelque chose».
J’ai du mal à le croire mais il me confirme. « Eh oui monsieur, je travaillais pas… ! On m’a donné le plan alors en attendant je fais ça. Sérieusement, j’y étais encore ce matin. Faut bien manger !».
La seule bonne nouvelle dans tout ça, c’est que je crois que j’ai recruté un nouveau blogger.
Par Mohamed Hamidi