Jeudi 12 juin, les organisations syndicales et la Fédération de Seine Saint-Denis de la ligue des Droits de l’Homme organisaient une manifestation devant la mairie du Blanc-Mesnil pour le maintien des subventions et des locaux alloués à la Bourse du Travail de la ville. Reportage.
Il est un peu plus de 11 heures et en face de la mairie, un camion estampillé CGT a investi la place. Quelques responsables syndicaux allument un barbecue « en attendant l’arrivée du cortège ». Ils manifestent contre la décision prise au conseil municipal du 24 avril de supprimer les subventions et les locaux alloués à la Bourse du Travail du Blanc-Mesnil. Didier Mignot, maire sortant (PC) a été battu en mars dernier d’un peu plus de 200 voix par Thierry Meignen (UMP), qui fait tomber 80 années de gestion communiste pour le Blanc-Mesnil.
« Juste après le conseil municipal du 24 avril, on a lancé une pétition » explique Vincent, responsable territorial de la CGT. « Ça a même été évoqué par la CFDT, alors qu’elle n’est pas du tout partie prenante ! » Il est interrompu par le cortège qui s’avance dans la rue principale devant la mairie. « Démocratie ! Droit syndical » scandent quelques 150 personnes. L’un de ses amis complète : « Les gens qui vont à la Bourse du Travail, on leur demande pas pour qui ils ont voté ! » « On manifeste pour un retour sur cette décision de gel et de coupures. A la fin du mois de juin, deux salariés seront licenciés. Un reclassement ? Rien du tout ! C’est deux salariés, dont une qui a 56 ans et 34 ans de boutique ! Elle, elle est foutue… » poursuit Vincent. Au micro devant la mairie, les représentants des syndicats se succèdent. « Qui peut dire qu’il n’y a plus besoin d’une Bourse du Travail ? Notre département est le plus jeune de France, 30% de la population a moins de 20 ans, quel avenir offrons nous à cette jeunesse ? »
Il est un près de 13 heures, Augusta Epanya du syndicat des communaux de Bobigny prend la parole. « J’appelle à la création d’un livre blanc pour dénoncer les violations des droits des salariés ! Le 93 ne mérite pas ça » crie-t-elle avant de rendre le micro. Sur fond de On lâche rien, du groupe HK & les Saltimbanks, les gens discutent entre eux en mangeant des hotdogs. Ils espèrent être entendus par le maire nouvellement élus mais ils n’y croient pas beaucoup. Qu’à cela ne tienne, Vincent rappelle : « On n’est pas là pour foutre le feu à la mairie ! (…) Si on n’est pas entendu, on mènera d’autres actions coup de poing ! »
Vincent ainsi qu’une de ses collègues de la Fédération des Activités Postales et de Télécommunications racontent aussi la transition UMP de la ville, au quotidien. « Le plus important, c’est l’augmentation des indemnités des adjoints au maire ! Pour l’année 165 000 euros ! Ils ont carrément bouffé les subventions de la Bourse du Travail ! Les subventions c’était environ 80 000 euros ! » Tous les deux pensent que le nouveau maire est « assez proche de l’extrême-droite ». « On ne peut pas se mettre à deux tous les syndicats comme ça, si on souhaite travailler avec la population ! » « A Drancy, la bourse du travail est toujours ouverte ! Pourtant Lagarde est pas réputé pour être d’une extrême tendresse avec les syndicats » termine-t-il.
Reste à savoir si le maire nouvellement élu reviendra sur la décision. Contacté pour l’événement, le cabinet du maire a tranché : « On ne reviendra pas sur le vote du conseil municipal, la démocratie a parlé ! On ne peut pas laisser une minorité remettre en cause ce qu’une majorité a voté. Cette décision était sur le programme et ça ne s’est jamais vu qu’on revienne comme ça sur une décision votée en conseil municipal ! »
Anne-Cécile Demulsant