L’entreprise virtuelle, vous connaissez ? Forcément. Avec Internet et les nouvelles technologies, assurer sa production en Inde, en Chine ou au Cambodge, ça devient un jeu d’enfants. Yacine Kellib (photo), consultant en gestion de projets informatiques l’a bien compris. Il a crée M Objectives en juin dernier. M comme mobilité, media et marketing. Car son métier à lui, c’est de développer des sites web et des modules pour téléphones mobiles.
« Je travaille sur les applications iPhone, Androïdes et peut-être bientôt Blackberry », explique-t-il. Avec l’avènement des smart phones, comprenez les téléphones intelligents, tout le monde veut son Facebook sur le portable. Le business est plutôt florissant. Son portefeuille de clients compte une quinzaine de clients. « Je gagne très confortablement ma vie », assure-t-il. Avant d’ajouter : « Je n’ai pas de salariés et en même temps, j’en ai plein. »
Décryptage. Son entreprise est tout sauf matérielle. « Je travaille avec un ancien collègue, franco-cambodgien. Il gère une boîte de 150 personnes en Asie. » Et grâce à Internet, le circuit de production est ultra-simplifié, donc très économique. « Si j’ai une application à faire, je définis un cahier des charges accompagné d’un cahier des spécifications techniques. J’envoie le tout aux développeurs au Cambodge. Un à deux échanges de mail par semaine. » A ceci près que la crise a changé la donne. Aujourd’hui, « on peut trouver des développeurs en free-lance en Europe, capables de défier les tarifs asiatiques », affirme-t-il. Surprenant.
D’ailleurs, Yacine Kellib n’hésite pas à faire jouer la concurrence entre développeurs locaux et étrangers. « Il y a un an encore, des grosses boîtes facturaient 900 euros hors taxes par jour aux développeurs. Aujourd’hui, les tarifs atteignent à peine les 500 euros », confie-t-il en se gardant bien de nommer lesdites boîtes. Et de son propre aveu, « elles ont cassé le marché », profitant du contexte actuel. Business is business.
Parler à ce propos d’off-shore, autrement dit, une forme de délocalisation de la production en Inde, est un peu désuet. « Aujourd’hui, on parle de best-shore. Ça peut être loin ou non. L’important c’est de trouver le meilleur prix. » Dans son activité, Yacine est plutôt chanceux. « Mon ami cambodgien est sur place. Si j’avais externalisé en employant un Français, en Inde par exemple, pour encadrer la production, il me facturerait 2000 euros par jour. »
Alors Yacine mise sur lui pour réduire ses marges de productions. « Au Cambodge, il me facture 100 euros par jour. Il me fait des prix. Je ne trouverais pas mieux ailleurs. Il a une mentalité asiatique. Il m’aide en se disant que si je commence à gagner de l’argent, il y aura un retour », souligne-t-il. Les bénéfices générés par M Objective ne devraient pas tarder. « Je vise 200 000 euros de chiffre d’affaires la première année », avance le trentenaire.
Avant d’ouvrir M Objectives, il était à la tête de Yacine Kellib Consulting, crée en 2006. « L’année dernière, j’ai engrangé 80000 euros. » Cet autodidacte a un bac pro mécanique et a tout appris sur le tas. Il est plutôt serein pour l’avenir. D’autant que travailler en free-lance, c’est beaucoup de travail mais aussi de la souplesse. « J’ai envie de développer ma boîte mais en gardant la liberté. » Pas question pour lui de se tuer à la tâche. Surtout que ce jeune patron mène d’autres activités en parallèle : engagement associatif, journalisme… C’est sûr Yacine Kellib a trouvé le bon filon.
Nadia Moulaï (Business Bondy Blog)