A la chambre du commerce et de l’industrie de Paris avait lieu le mois dernier un colloque sur la diversité.
C’est le Syntec (syndicat qui représente les entreprises spécialisées dans les professions de l’ingénierie, de l’informatique, du conseil et de la formation professionnelle) qui avait organisé cet évènement qui en principe était le premier d’une longue série qui devrait suivre dès la rentrée prochaine. Ils souhaitent amorcer une réelle réflexion sur la question de la diversité au sein de l’entreprise.

Après une longue étude analysant les pratiques de recrutement et les effectifs de plusieurs entreprises, le Syntec a conclu que l’entreprise en France n’est plus à l’image de la société et que pour rester compétitive, elle se doit de se renouveler. Les populations lésées sont les femmes, les personnes handicapés, les seniors et les jeunes issus de l’immigration.

A ce colloque ont été conviés des directeurs de Ressources Humaines de grandes entreprises, des cabinets de recrutement et des associations qui oeuvrent pour les mêmes causes. Ils ont été très nombreux à répondre présents.


Les intervenants, des membres d’associations ou des dirigeants d’entreprise qui tentent de mettre en place dans leur société un recrutement diversifié, ont tous insistés sur le fait que le mélange est pour eux bénéfique au travail. Par exemple, les populations plus âgées apportent une expérience, les femmes sont souvent très consciencieuses et les jeunes d’origines étrangères eux, très dynamiques.

J’ai été conviée à ce colloque par Saïd Hammouche, co-fondateur d’APC Recrutement. Les lecteurs réguliers se souviendront peut-être de son portrait, fait sur le Bondy Blog en avril dernier.
C’était pour moi l’occasion de le rencontrer de nouveau et voir ce qu’un professionnel de l’emploi pense de ce type d’initiative.

Que pensez-vous de ce qui a été dit pendant ce colloque et de l’analyse faite du marché de l’emploi ?
Je suis navré de constater que les entreprises en sont encore à se poser des questions sur l’opportunité du facteur diversité alors que dans les économies anglo-saxonnes par exemple, les recruteurs ont intégré depuis de longues années ce facteur dans leur politique de gestion des ressources humaines.


Il est temps de se rendre compte qu’un quart de la population française a un ascendant issu d’Afrique ou d’Asie !

Pensez-vous qu’ils sont encore bien loin de la réalité ?
Il est urgent que l’entreprise sorte de cette phase de dénie et mette en place une réelle campagne de recrutement intégrant les populations habitants les quartiers populaires.

Comment avez-vous été avertis de la tenue de cet évènement ?


J’ai vu la publicité et j’ai souhaité y assister, nous sommes une association et donc nous ne cotisons pas au Syntec, il ne nous connaissait donc pas, je les ais contactés personnellement.
Il m’a semblé très important d’assister à ce colloque.
Nous avons un outil très opérationnel à proposer aux recruteurs : c’est APC Recrutement, ils en ont besoin, indéniablement.

Pensez-vous que derrière ce type de manifestation il y a une réelle volonté de changement ou n’est-ce qu’un effet de mode pour être dans l’air du temps ?
Cet évènement a fonctionné, il y a une vraie sensibilisation mais il est temps de passer aux actes. Qu’elle le veuille ou non, dans trois ans la France sera victime du papy-boom et pour s’en sortir, il faudra alors reformer les processus de recrutement une bonne fois pour toutes. La France Black, Blanc, Beur est une réalité et pas seulement pour le football.

Par Soraya Messaoudi

Soraya Messaoudi

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