Il est 14 heures passées de quelques minutes, Henri Proglio sort de sa voiture pour se diriger dans les locaux du Centre de relation clientèle EDF Avron où l’attendent avec impatience une quinzaine de jeunes qui ont bénéficié des programmes d’insertion du premier groupe électrique de France. Mais avant, il est accueilli sur le trottoir par quelques grévistes de l’entreprise qui lui font part d’un certain nombre de doléances. Après cet intermède non prévu dans l’agenda « présidentiel », il rejoint une salle moins hostile.
EDF et les jeunes, c’est une longue histoire d’amour. Et les participants à cette cérémonie peuvent en témoigner : « J’ai un niveau BEP couture et je suis sorti de l’école très tôt. Mais grâce à EDF et au dispositif Trait d’union. J’ai repris goût au travail et à la vie », se réjouit Julie du haut de ses vingt ans. C’est en 2006 que le groupe électrique s’est engagé dans le programme Trait d’union. Il a pour vocation de former des jeunes de 18 à 26 ans, d’un nouveau d’étude inférieur ou égal au bac, avec peu ou pas d’expérience professionnelle, au métier de conseiller client.
Près de trois cent personnes ont bénéficié de ce cursus, 69% d’entre eux ont obtenu le niveau 4 qui correspond au baccalauréat et 50% ont trouvé un emploi à la sortie de ce dispositif. Une réussite que confirme des bénéficiaires présents à la cérémonie : « J’avais perdu confiance en moi. Mais grâce au programme, j’ai pu faire des stages, retrouver le chemin du travail. Maintenant je suis salarié d’EDF », raconte Claire âgée de vingt-deux ans.
Fort de ses succès dans ces divers programmes d’insertion, Henri Proglio a décidé d’aller plus loin dans ce domaine. Il signe un partenariat avec l’Ecole de la deuxième chance en faveur de l’insertion professionnelle et sociale des jeunes en difficulté. Ce partenariat, porté par la Fondation EDF Diversiterre, se traduit par le soutien du groupe électrique à 22 projets pédagogiques innovants développés localement par les Ecoles de la deuxième chance. Dispositif remis au goût du jour par Fadela Amara dans le cadre du plan banlieue.
L’Ecole de la deuxième chance est en fait une idée vieille de quinze ans. C’est Edith Cresson, alors à la Commission européenne qui dans un Livre Blanc « Enseigner et apprendre », avait proposé aux membres de l’UE de créer des programmes de réinsertion en faveur des jeunes issues du système scolaire classique. Longtemps aux oubliettes, il a fallu attendre plusieurs années pour voir cette école sortir de l’anonymat. Et les jeunes rencontrés sont heureux d’avoir bénéficié de cette dernière chance…
Force, toutefois, est de constater que les grands groupes préfèrent investir dans les programmes d’apprentissage ou d’alternance que dans un dispositif strictement social sans retour sur investissement à terme. La démarche d’EDF apparaît comme encore trop marginale…
Chaker Nouri