Une pièce d’identité, un c.v. et la carte vitale : voilà les papiers à fournir pour être inscrit dans une agence d’intérim. Et après, bonjour les missions variant de quelques jours à quelques semaines. A 25 ans, Mickael connaît le statut d’intérimaire depuis 7 ans. On est loin des 2 ans d’essai promulgués par la loi sur le CPE ! En 7 ans, ce mécanicien est donc passé par une usine Citroën, des petites entreprises de manutention et une société de serrurerie. Pour quel revenu ? Le SMIC soit 8 euros brut de l’heure pour ses missions d’un jour et 1300 euros brut pour un emploi au mois. Le jeune homme a choisi de s’inscrire dans deux agences d’intérim de Livry-Gargan et une d’Aulnay-Sous-Bois qui se chargent de lui trouver une entreprise puis de le mettre en relation directe avec le patron. « La procédure est plus facile », me lance-t-il d’un air banal. A Bondy, l’unique agence d’intérim implantée au milieu des cités nord accueille seulement des demandeurs d’emploi qui doivent être inscrits à l’ANPE depuis plus d’un an. Mickael est au chômage depuis 6 mois.
Même s’il peut chercher du travail à l’ANPE, le jeune homme préfère se rendre à l’intérim. Selon lui, « le mieux est de poser son dossier un peu partout pour avoir plus de chance de trouver le taf qui convient ». Parmi les 9,6 % de chômeurs en France, quelques personnes font en même temps des courtes missions mais pas assez pour sortir des chiffres du chômage. Bien sûr, Mickael est loin d’être le seul à procéder de la sorte. Quand il trouve un travail par le biais de son agence d’intérim, il le signale aux Assedic. Alors que d’autres personnes ne déclarent pas leurs missions, lui me précise d’un léger sourire : « Juré, je n’en profite pas ».
Avec ses diplômes, un CAP Mécanique et un BEP Structure mécanique en poche, Mickael est un mec simple : « Je préfère mille fois le travail manuel plutôt que travailler assis derrière un bureau ». Il a fait de l’intérim un style de vie dont il dit profiter : « j’aime changer de lieu. J’aménage mes temps de loisirs et de vacances avec moins de contraintes. Pour obtenir mes crédits, j’ai pu me débrouiller jusqu’à présent ». Mickael a trouvé un moyen de s’approprier le système. De son côté, l’intérim, synonyme de missions précaires à répétition, a su faire son nid dans le marché du travail.
Par Nadia Boudaoud