La maternité des Lilas jouit d’une excellente réputation. Une dame interrogée devant l’établissement ne tarit pas d’éloges sur l’endroit où va naître son petit garçon : « C’est une très bonne maternité. Certaines familles naissent ici depuis des générations. La liste d’attente est longue. » On vient de bien loin, de Paris pour être précis, dans ce petit coin du 9-3 pour  mettre au monde son petit. C’est le cas de Catherine qui attend sa première fille (elle se sent lourde du côté droit) : « L’équipe est extraordinaire, tout comme l’accueil, j’habite à Paris mais c’est ici qu’on s’occupe bien de moi. »

Les Lilas ont une bonne maternité mais elle va peut-être fermer, d’après le docteur Marie-Laure Brival, chef du service d’obstétrique : « Nous avons atteint notre capacité maximum de fonctionnement. Si on ne se développe pas c’est notre survie qui est en jeu. Pour rentrer dans nos frais, nous devons nous agrandir. » Les locaux sont vétustes et la taille de l’établissement ne permet pas d’envisager une hausse d’activité, malgré la forte demande, qui assurerait la pérennité de cette établissement privé, géré par une association à but non lucratif. Pour résoudre le problème, un projet de construction a été lancé. Fait rarissime, tout le monde a été très enthousiaste pour permettre à cette maternité, qui assure en moyenne 1700 naissances et 1300 IVG  par an, de s’agrandir. Commune, département, région et ministre de la santé approuvent le projet. Au point qu’« après une étude et des travaux sur le terrain qui ont coûté plus d’un million d’euros,  le chantier pouvait débuter en octobre », confie Xavier Tartas, le directeur de l’établissement.

Il pouvait mais il ne peut plus. L’Agence régionale de santé d’Ile-de-France a suspendu le projet depuis un an. Pas d’explication avancée par celle-ci, selon le docteur Brival, laissant le personnel dans le flou. « Il m’ont juste dit de présenter un projet alternatif, raconte le directeur de l’hôpital. Vous savez combien cela met de temps pour monter un tel projet ? Cinq ans », conclut-il en pointant du doigt un dossier haut comme un bulding.

L’Agence régionale de santé a réagi quant à elle dans Le parisien : « Entre le moment où ont été donnés les accords, il y a trois ans, et notre décision, des événements nous ont conduits à mener deux missions d’inspection, dont les conclusions nous ont convaincus qu’il faut penser à une autre solution », explique un de des délégués de l’agence sans préciser quels sont ces événements ou ces conclusions.

Dans la salle d’attente de la maternité, une femme, enceinte, ne décolère pas : « Un établissement qui marche, utile, et on lui met des bâtons dans les roues ? Ce n’est pas acceptable. » « La Seine-Saint-Denis est le département avec le taux de natalité le plus fort, affirme le docteur Brival, les besoin en matière de maternité doivent être  satisfaits. C’est impératif. »

Pour défendre le projet reconstruction, vital selon le personnel de l’établissement, celui-ci s’est constitué en un collectif de soutien. La pétition qu’ils ont mise à disposition du public, sur une table en face de l’accueil, est sans surprise remplie de signatures de jeunes et futures mamans très satisfaites de leur maternité.

Idir Hocini

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