LES PIEDS DANS LE PLAT, 4/5. Rym, la trentaine, au chômage a décidé de changer de voie et de créer sa propre boîte. Une aventure au quotidien qu’elle a décidé de faire partager.
L’envie, l’idée, la passion, le diplôme, tout ça est fait, et pas forcément dans l’ordre. Puis, comme j’avais à l’esprit que de ma petite idée j’allais bâtir un empire, j’ai fait comme les grandes, les très grandes entreprises, j’ai décidé de me créer une image. Mais de la grande entreprise je n’ai de commun que la notion d’entreprise et je me retrouve vite confrontée à une situation que la crise a démocratisée en France et ailleurs, la restriction budgétaire. Alors je fais comme tout le monde, je cherche à avoir la même chose pour beaucoup, beaucoup moins cher.
Tout en haut de ma wishlist, je voulais un logo, un vrai, un tout beau tout propre qui fasse à la fois élégant et pro, un logo qui évoque toute l’histoire de l’entreprise que je n’avais pas encore créée. J’ai donc prospecté, et parmi mes amis, 135 sur Facebook, nettement moins dans la réalité, j’ai trouvé le contact qu’il me fallait : la cousine d’une amie de la femme de mon cousin, une infographiste. De retour d’une expatriation au Canada, elle était disposée à m’aider pour, nous en étions convenues, presque rien.
Je reçois un devis en 5 étapes comprenant un logo, un blog, un bandeau et des icônes diverses avec une estimation horaire de 50 heures de travail facturées seulement 50% du tarif de la demoiselle, soit un « presque rien » estimé à plusieurs centaines d’euros. Après négociations et pourparlers, je réussis à réduire la facture de plus de moitié, mais renonce en même temps à mon droit à ne pas aimer. Quelques semaines plus tard, je reçois mon image et la crainte de devoir m’accommoder d’une identité qui ne serait pas la mienne disparait, le travail de l’infographiste me plait et me correspond, je peux à présent commencer à construire cette identité qu’elle m’a dessinée.
Cette identité, elle est d’abord virtuelle, j’avais l’ambition d’envahir internet, de m’imposer sur les réseaux sociaux, Facebook, Twitter, et les autres. En réalité, personne ne m’attendait ! Internet est une jungle et il faut se débattre pour en émerger. Avec les bons outils, une bonne préparation, les bons guides et beaucoup de chance, on peut espérer s’en sortir. A l’heure où je vous parle, j’y suis encore dans cette jungle dont je n’ai pas encore saisi toutes les subtilités. Mon blog ressemble actuellement à la vitrine d’un commerçant de quartier, pas un commerçant du boulevard Haussmann, un commerçant d’une petite ville sans prétention où les changements de décor sont rythmés par les rares fêtes du calendrier.
Pour mon compte Facebook, j’ai bénéficié du coup de pouce de mes amis et de ma nombreuse et si précieuse famille, puis peu à peu sont venus des personnes que je ne connaissais pas, des personnes qui sont venues me voir, juste parce qu’ils ont aimé mon travail, ceux-là mêmes qui vous confirment sans le savoir que vous avez eu raison de vous lancer. Sur Twitter, je jouis pour l’instant d’une visibilité plus confidentielle. A l’heure où je n’utilisais pas encore Twitter, j’ai entendu la pétillante Daphné Burki expliquer à l’un de ses invités du Grand Journal que Twitter permettait d’avoir le numéro de tout le monde, et pour l’entrepreneuse en quête de visibilité que je suis, c’est une précieuse information que j’ai tenté de mettre à profit, en vain : quand le téléphone sonne, rien ne vous oblige à décrocher. Et sur les nombreuses tentatives de contact que j’ai tenté d’établir, beaucoup sont restées sans réponses, souvent les plus ambitieuses.
Finalement, ce qui compte dans le monde virtuel, c’est ce que l’on fait dans le monde réel, le vrai, ce que l’on a à proposer, le travail que l’on a réalisé ; alors j’ai décidé, pour pouvoir briller sur Facebook, Twitter, et ailleurs ; de me concentrer sur mon travail, celui que j’essaie de me créer.
Rym Ben Tili
Voir les trois précédentes chroniques, ici.