L’environnement, une solution pour lutter contre le chômage ? Rouguyata s’est rendue au forum des métiers et de formations de l’environnement, organisé mardi 10 novembre par le conseil départemental de Seine-Saint-Denis à la Cité des Sciences et de l’Industrie.

Deux jeunes qui envisagent le métier de berger urbain. Un professeur de bac pro gestion des déchets qui a trois fois plus d’offres de stage que d’élèves. Un trentenaire en reconversion dans le recyclage de pièces d’ordinateurs. La transition écologique a un impact sur l’emploi.

Dylan et Moustapha futurs bergers urbains« Dans une cité, on ne pense pas qu’on peut ramener des animaux comme ça ». C’était l’avis de Dylan Fernandes, 17 ans, avant de découvrir le métier de berger urbain. Il est venu au forum avec son ami Moustapha Khoulé, 23 ans, pour la présentation des films retenus pour le concours « Je filme le métier qui me plaît ». Ces deux élèves du centre de formation LASER dans le 20ème arrondissement de Paris, ont filmé pour la catégorie « Les métiers qui protègent ma planète », la bergerie des Malassis, qui fait brouter chèvres et brebis aux pieds des immeubles de Bagnolet :

Berger urbain est aujourd’hui un métier que Dylan envisage. « C’est un métier que je pourrais faire. Au départ c’était difficile pour ce berger mais après il a vu que tout le monde appréciait ». Il admire le berger qu’il a suivi : « Il prépare à manger, il produit des légumes et il les vend aussi ». Pareil pour Moustapha, parce que « c’est très rare de voir ça en pleine ville. Et puis il est à l’aise avec ses voisins ».

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L’impact de la COP 21

La 21ème conférence mondiale sur le climat (COP21), qui a eu lieu au Bourget a ainsi fait bouger le département de la Seine-Saint-Denis a profité de cette occasion pour organiser ce forum, en coopération avec la Cité des Sciences et de l’Industrie. Plus de 4000 visiteurs étaient attendus. L’objectif de cet événement était de présenter les métiers et les formations de l’environnement. Les groupes scolaires sont venus en nombre pour découvrir les ateliers, les conférences et les 80 stands tenus par des entreprises, des associations, des organismes de formation, tous acteurs de la transition écologique.

Pour Raphaël Perez, chef du service emploi et formation professionnelle au conseil départemental de Seine-Saint-Denis, cet évènement avait deux vocations. La première : présenter les formations et les métiers. « On travaille pour que les jeunes et moins jeunes de Seine-Saint-Denis qui n’ont pas de qualification, trouvent une qualification. On s’est dit que ce serait une belle occasion pour que les jeunes du département découvrent ces métiers, s’y intéressent et suivent les parcours de formation qui y mènent. Et puis on a constaté que les métiers de l’environnement ne sont pas forcément connus alors que ce sont des métiers formidablement utiles. On peut prendre des décisions à la COP21 mais s’il n’y a pas des hommes et des femmes qui les traduisent en choses concrètes, ces décisions sont lettre morte ». Et la seconde vocation ? Parler d’environnement. « Tous auront entendu parler des enjeux environnementaux, ce forum a aussi un intérêt d’éducation. Ils ont peut-être entendu vaguement parler de la COP21 à la télévision mais là ce sont des hommes et des femmes dont c’est le métier qui vont leur en parler ».

« Quand est-ce que tes élèves sont formés ? On a besoin de jeunes sur le terrain »

Les jeunes collégiens et lycéens ont pu aussi rencontrer des élèves déjà en formation. Comme Roberto, 19 ans, qui tenait le stand du bac pro gestion des pollutions et protection de l’environnement du lycée Jean-Pierre Timbaud d’Aubervilliers. « Dans cette formation, on apprend à trier les déchets, les produits dangereux. On apprend aussi le recyclage et comment réutiliser des matières triées ». Plus tard, il se voit comme un conseiller qui apprendra aux autres à respecter la planète. Son professeur principal, Florent Villalba, supervise. Et présente les avantages de cette filière. « Elle forme à des métiers très concrets, dans l’assainissement, le tri des déchets, le recyclage, qui sont des métiers aujourd’hui à forte valeur ajoutée. A la sortie, ils peuvent tout de suite prendre des responsabilités et devenir rapidement chef d’équipe. Ce sont des métiers où je sais qu’ils n’auront pas de problème d’insertion professionnelle ». Que ce soit pour le stage : « J’ai déjà une cinquantaine de stages à proposer aux quinze élèves de première année». Ou pour le premier job, ses anciens collègues de l’industrie lui demandant régulièrement : « Quand est-ce que tes élèves seront formés ? On a besoin de jeunes sur le terrain ».

La transition écologique offre un vivier d’emplois. Des nouveaux métiers sont nés. Et donc des nouvelles formations pour y accéder. Mathieu Zuckmayer est entré dans le secteur de l’environnement par la porte Pôle Emploi. Alors qu’il cherchait un poste dans l’informatique, il a répondu à une offre de CDD auprès d’Actif-DPS, une entreprise d’insertion. Depuis un an et demi, il est en formation de technicien de maintenance informatique. Son travail consiste à apprendre à démonter et à réparer des ordinateurs portables. « On reçoit des dons de grandes entreprises, on récupère toutes les pièces encore bonnes des machines défectueuses, et on refait des machines fonctionnelles avec. Ça fait des économies de pièces ». Il n’est pas arrivé dans le recyclage parce qu’il cherchait dans une formation dans l’environnement mais aujourd’hui, il est fier de donner une seconde vie aux pièces informatiques.

À quelques stands de celui de Mathieu Zuckmayer, l’agence Pôle Emploi était d’ailleurs présente. François Béclin représentait la direction territoriale de Seine-Saint-Denis. Ce chargé de mission qui travaille avec les 24 agences Pôle Emploi du département, et son équipe de conseillers, ont directement accompagné certains demandeurs d’emploi auprès des entreprises présentes au forum.

L’objectif de ce forum était de faire découvrir les métiers et les formations de l’environnement aux jeunes et aux demandeurs d’emploi. Mission accomplie si l’on en croit la fermeture des portes, vers 11h00, pour réguler le flux trop important de visiteurs.

Rouguyata Sall

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