« Les jolies colonies de vacances, merci maman merci papa… » Et les animateurs dans tout cela ? On parle peu de la responsabilité que nous – j’en suis un – avons auprès des enfants mais aussi des familles, souvent exigeantes. Ce sont des vacances pour les enfants, et les animateurs ne s’amusent pas autant qu’on pourrait le croire : c’est peut-être l’activité où l’on dort le moins. Voici une journée-type pour quatre « anims » et quarante enfants de 8 à 12 ans.

8 heures : lever des enfants, début du contact anims-enfants.

9 heures : course au brossage des dents. Il y a toujours des récalcitrants à cette pratique, en plus de ceux qui n’ont pas forcement l’habitude de le faire chez eux.

10 heures : début des activités que les anims ont minutieusement préparées pendant la nuit, voire le matin même faute de temps. Ces activités sont souvent manuelles ou ont trait à la découverte de l’environnement immédiat, que les enfants n’ont pas forcement l’habitude de voir s’il est maritime ou rural. Mais ces activités ne se passent jamais totalement comme prévu à cause du temps ou de désintérêt d’un enfant pour l’une d’elles – toujours le même enfant, celui qui n’apprécie rien et ne souhaite qu’une chose : rentrer chez lui.

12 heures : cantine, les mômes se retrouvent tous. Discussions de partout, éclats de rires, il arrive qu’un enfant fasse du frisbee avec une assiette. Je l’ai vu de mes yeux et j’ai sanctionné le fautif (le terme « punition » est proscrit car il est anti-pédagogique). J’ai contacté ses parents qui m’ont assuré que leur petit chéri était sage comme une image et que ça ne pouvait pas être lui. Sa mère a même dit qu’elle porterait plainte si j’accusais son fils a tort une nouvelle fois avant de me raccrocher au nez (véridique).

14 heures : reprise des activités (souvent extérieures comme par exemple le jeu du drapeau ou poule renard vipères)

16 heures : goûter. Soit il manque des parts, soit on assiste à des batailles de grenadines. Goûter terminé, tout le monde aux douches. Etape de la journée la plus difficile pour les animateurs novices ! Il faut là une bonne organisation des anims, l’un tourne dans le dortoir, un autre est posté devant les douches, un troisième accompagne certains enfants à l’infirmerie pour des bobos ou traitements. Les yeux doivent être partout et la fatigue oubliée !

19h30 : dîner. En général, c’est n’est pas là le moment le plus stressant car les gamins sont à cette heure-ci bien fatigués et ont une faim de loup.

20h30 : veillée, un passage sans trop de difficulté. Le problème qui peut toutefois se poser est la fatigue des anims qui doivent rester éveillés pour animer tant bien que mal la soirée.

21h30 : enfin le coucher ! Ou pas… comme pour les douches, une organisation assez stricte s’impose. Ce n’est pas forcement dur mais dans le noir avec un silence religieux, c’est tentant, pour un anim, de faire comme les enfants et de se poser sur un lit pour récupérer.

L’emploi du temps s’arrête là ? FAUX ! Les fameuses réunions apparaissent ! Bilan de la journée entre animateurs, avec le directeur et les adjoints. Mais vu la somme des activités de la journée et par conséquent la fatigue accumulée, tout le monde considère que la réunion se passe bien et qu’il est l’heure pour tous d’aller se coucher tôt : c’est-à-dire minuit trente…

On pourrait croire que je critique l’animation mais pas du tout. Passer le BAFA, le diplôme de moniteur, est peut-être la meilleure chose que j’ai faite dans ma vie ! J’adore ça ! Nous nous sentons vraiment utiles, nous avons un rôle de médiateurs et de pédagogue envers les enfants. Nous sommes là pour nous occuper d’eux, leur faire vivre des bons moments et nous en passons aussi bien sûr même. Pour tout dire, je n’ai vu l’assiette devenir frisbee qu’une seule fois. Animer une colonie de vacances est donc un vrai métier, nous remplaçons les parents et nous nous devons d’être présents pour les enfants à n’importe quel moment, c’est une expérience qui forge le caractère, apprend le travail en équipe, un vrai moyen de mûrir et de d’acquérir le sens des responsabilités. Allez-y, passez le BAFA, vous ne le regretterez pas !

J’ai parlé de ces parents qui éduquent mal leur enfant et sont de mauvaise foi quand on leur narre les exploits de leur progéniture-modèle. Mais au fond c’est un détail. Les colos sont enrichissantes, et si vous débutez dans le « métier », ne vous inquiétez pas, il existe une réelle solidarité entre.

Mikael Mekler

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