Les 23 et 24 novembre vous organisez les premières Rencontres nationales de Nos quartiers ont des talents (NQT). De quoi s’agit-il ? Nos premières rencontres s’articulent autour de deux journées durant lesquelles les étudiants et jeunes diplômés des quartiers vont être reçus par des professionnels de l’entreprise : DRH, cadres manager… L’opération s’adresse plutôt aux étudiants en master 1 et 2. L’idée est de les aider à se positionner sur le marché de l’emploi. Et la palette des métiers représentés est très large puisque NQT a la chance de compter parmi ses parrains des entreprises comme Airbus, BNP Paribas, Generali, la Société Générale, Saint Gobain. Les étudiants en licence 1 sont aussi concernés. Ils pourront se renseigner sur des métiers et pourquoi pas réajuster leur cursus si besoin.

Avec un taux de chômage dans les quartiers populaires deux fois supérieur à la moyenne nationale, vous attendez beaucoup de monde…

Nous attendons 4000 jeunes sachant que 60 entreprises ont répondu présentes pour les rencontres. Mais il ne s’agit pas d’un salon de l’emploi. Les jeunes ne viennent pas distribuer leur cv mais  rencontrer des DRH. L’objectif est de leur ouvrir tous les réseaux possibles en termes de stages, d’emplois.

En dehors de cette opération,  quel est le principe de Nos quartiers ont des talents ?

NQT s’appuie sur le parrainage, par des cadres supérieurs, de jeunes diplômés des quartiers  en politique de la ville. Le jeune est pris en charge par un parrain dont la fonction coïncide avec le  parcours du candidat. Il lui donne une vision du métier.

Le parrainage est-il suffisant quand on cherche un emploi en CDI ?

Il faut bien préciser que notre réseau de parrains est composé à 65% de cadres supérieurs avec des fonctions de directeurs le plus souvent. Une fois la mise en relation effectuée, le parrain va « taper » dans le marché caché, là où réside une grande partie des postes à pourvoir.

Parlons résultats. NQT existe depuis 2005. Qu’est ce que cela donne ?

Nous avons commandé une étude concernant les 3000 premiers jeunes inscrits à NQT. En France, un jeune diplômé reste une année au chômage avant de trouver un job. Chez nous, cette durée est ramenée à 6 mois. Avec 5000 jeunes suivis sur 5 ans, notre taux de recrutement grimpe à 60%. D’ailleurs, lors des rencontres, nous présenterons notre projet Ambition 2015 pour l’Ile-de-France, Rhône-Alpes et Midi- Pyrénées.  Nous souhaitons étendre notre action en Paca et Aquitaine…

N’y a-t-il pas aussi une dimension business ?

Oui, c’est vrai que des gens exploitent et vivent de la diversité. Mais de notre côté, on est sur une action en faveur de l’emploi. Tout notre travail consiste à nous améliorer dans cette démarche. Et si NQT se développe, c’est que le réseau des parrains est performant. Pour preuve, en 2005, nous avions 200 jeunes avec un taux d’embauche culminant à 65%. Cinq ans après, nous avons 2000 jeunes. Le taux d’embauche est resté stable car les parrains continuent d’adhérer à notre projet. Aujourd‘hui, il compte d’ailleurs 2100 entreprises.

Cinq ans après les émeutes de 2005, la situation de l’emploi dans les quartiers restent quand même préoccupante.

Selon moi, les émeutes ont été un accélérateur de notre action. Nous avons crée NQT avant cet événement car nous en avions assez de voir les caméras continuellement braquées sur des jeunes qui dévissaient ! Or, il y a aussi les jeunes diplômés qui subissent la discrimination. Aujourd’hui, nous avons la conviction de défendre une cause nationale.

Propos recueillis par Nadia Moulaï

http://www.nosquartiers.tv/

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