Chaque semaine, la situation de l’usine de PSA Peugeot Citroën d’Aulnay-sous-Bois fait la une des journaux. Hier, l’intersyndicale a été reçue à L’Elysée par le Président de la République, François Hollande et Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif, à 14h30. « Je n’ai jamais mis d’espoir en Hollande et Montebourg, j’ai toujours compté sur nos propres forces »  nous confiait Jean-Pierre Mercier, la semaine dernière. Le message est clair.

Pendant ce temps, Un point de rendez-vous a été décidé à la gare de Villepinte (Seine-Saint-Denis) à 13h30. Vers 13h, les arrivées se font au compte-goutte, en bus, en voiture, à pied. Quelques minutes plus tard, des cars viennent déposer leurs collègues. Pancartes à la main « Hollande, un peu de courage ! » peut-on lire sur l’une d’entres elles, perruques colorées pour quelques syndicalistes du SIA (syndicat majoritaire à PSA), certains en profitent pour se prendre en photo par la même occasion.

Pas d’attente particulière pour cette réunion « qu’est-ce qu’il va dire Hollande ? Il va juste dire on va organiser une réunion tripartite, c’est tout » exprime Abdallah.   Pendant ce temps, les salariés se regroupent, attendent, évoquent les souvenirs de leur usine. Certains restent convaincus qu’Aulnay paye pour « sa liberté », son refus de se soumettre à des décisions qui n’ont pas été approuvées, les nombreuses grèves que l’entreprise a menées d’où le « pourquoi Aulnay et pas Madrid ? » que répètent fréquemment les ouvriers de PSA. L’usine de Madrid dont les capacités de production et de logistique ont été pointées du doigt par le rapport Sartorius (remis au Ministère du redressement productif, la semaine dernière).

Au moment de prendre le train : gros problème. Un suicide est annoncé en gare de Blanc-Mesnil, les trains sont arrêtés. « Reprise du trafic à 15h30 » annonce le panneau d’affichage. Un quotidien malheureusement sur la ligne du RER B, pas pour les ouvriers. Les esprits s’échauffent, les nerfs montent. Chacun cherchent une solution. Impossible de renoncer à aller en manifestation. Finalement, les employés ont décidé de prendre un autre chemin en se rendant en car à la gare de Bobigny pour rejoindre Paris par la ligne 5 du métro.

La manifestation a eu lieu comme prévu à la gare Saint-Lazare aux alentours de 16 heures. 1 000 personnes ont défilés selon un syndicaliste. Les problèmes du RER B n’auront pas freiné les salariés à manifester, bien au contraire selon Ahmed Berrazzel « ça les a même encore plus boosté. J’étais même étonné, il y en avait plein qui n’avaient pas l’habitude de venir aux manifestations et qui étaient là aujourd’hui, les gens commencent à comprendre. Il y en a même qui ont appelé leur familles et qui ont trouvé une solution pour aller chercher leurs enfants » étant donné le décalage de la manifestation.

Résultat de la rencontre avec l’intersyndicale à l’Elysée : une négociation tripartite Etat, syndicat, direction de PSA Peugeot-Citroën à la mi-octobre, aucune prise de position sur le gel du plan de licenciement. Pas de grandes déceptions ni de désillusions, tout comme Jean-Pierre Mercier, Ahmed garde ses distances : « Je m’attendais à ça, je savais qu’il n’allait rien en sortir » et pense juste que les politiques « n’ont pas assez de courage pour prendre des engagements fermes ».

D’ici mi-octobre, les employés de l’usine d’Aulnay ne comptent pas rester les bras croisés. Un meeting est prévu le 29 septembre prochain, au quartier de la Rose des Vents.

Imane Youssfi

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