En quoi le Qatar peut-il aider les jeunes de banlieues françaises ?

Le Qatar fais partie des voyages d’études qu’organise l’association. Nous sommes déjà partis à Chicago, à Washington, davantage pour l’aspect politique. Plus récemment, au Qatar, pour l’aspect économique. L’objet de ce séjour était de rencontrer des investisseurs qataris, puisque leur pays est en pleine expansion et ainsi obtenir des contrats important avec la France. Nous voulions créer un fonds d’investissement en direction des entrepreneurs de banlieues, faciliter leur exercice dans l’entreprise. Accentuer leur activité économique. On souhaiter décrochait des contrats avec le Qatar puisque l’émirat propose une clause invitant les entreprises à recruter dans les banlieues.

Comment avez vous réussi à sensibiliser les Qataris sur la question de la diversité en France ?

Ce n’est pas nouveau. Les Qataris remettent d’ailleurs depuis plusieurs années un prix à une personnalité politique issue de la diversité. Ils ont été sensibles à notre projet, et ce, dès le départ. Tout simplement parce qu’ils pensent que la banlieue doit s’organiser et doit exister.

Ce projet ne concerne que les Maghrébins, les autres minorités en sont-elles exclues ?

Le critère est très clair : être issu de banlieue. Nous sommes partie chercher ce fonds d’investissement pour les banlieues, pas pour les Maghrébins. La diversité visée est sociale. Et puis, les Qataris ne font pas dans la charité,  mais dans le business. Ils cherchent avant tout de la rentabilité. Ils ne ciblent pas forcément toujours des profils de personnes diplômées. On n’a pas besoin d’être diplômé pour avoir de bonnes idées ! Les Qataris sont très regardants sur le sérieux et la fiabilité économique du projet. Ce ne sont pas des gens qui balancent leur argent comme ça à qui lève la main.

Comment expliquer vous le fait que votre démarche ait fonctionné avec le Qatar, et pas vraiment avec les États-Unis ?

Nous sommes allés aux États-Unis en observation. A Baltimore, il y a des sénateurs issus de la diversité. L’objet était d’aller voir comment des personnes issus de quartiers populaires américains arrivent à des fonctions politiques ou économiques importantes, là où nous en France, nous échons aujourd’hui. Nous ne sommes pas partis rechercher un fond d’investissement là-bas. Lorsque nous sommes revenus, nous avons rédigé un rapport avec plein de propositions et c’est à ce moment-là que nous avons lancé le débat sur les statistiques ethniques.

Que répondez-vous à ceux qui accusent le Qatar d’endoctrinement ?

Dans les banlieues, dès qu’on se prend en main et qu’on essaie d’exister, on y voit d’emblée une instrumentalisation quelque part.  Par contre, quand rien n’est fait, que les jeunes restent dans les halls à fumer je ne sais quoi, là, il n’y a aucun problème. C’est désespérant puisque cela suppose une idée négative sous-entendant que les banlieusards sont des moutons, des idiots qui se laisseraient influencer par le premier venu. On pourra nous dire qu’on a déjà beaucoup investi en banlieue, ce qui n’est pas faux. Mais on a surtout investi dans la rénovation urbaine, dans les murs. A présent, nous, élus issus de la banlieue, aimerions un investissement dirigé vers l’humain.

Yamina Jarboua

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