Originaire de Nice et aujourd’hui habitante de Marseille, Ludivine Guibilato a créé son entreprise de bâtiment. Mardi 15 avril, à l’occasion de la journée « femme, entreprise, solidarité », elle a reçu une des sept dotation pour l’aider à poursuivre son aventure. 

« Je fais du béton ciré, je crée des meubles en béton sur mesure, je pose de la moquette, je construis, je casse… » La liste des services que propose Ludivine Guibilato est encore bien longue. Créatrice de l’entreprise Décolud, elle fonctionne déjà de manière très satisfaisante.

Passionnée par le bâtiment, elle ne se lance pas directement dans ce secteur. « J’ai commencé par des études en langues étrangères appliquées, raconte-t-elle. Mais à 20 ans, je m’ennuyais fortement. » Après de nombreuses réflexions, « j’ai voulu intégrer une école de décoration mais c’était trop cher. » Elle se dirige alors vers un BEP de peintre en bâtiment. « Je voulais travailler concrètement », justifie-t-elle.

Mais après plusieurs mois de gros œuvre, elle n’est toujours pas réellement satisfaite. « Ce n’était pas vraiment ce que j’aimais, se souvient-elle. J’ai donc eu l’idée de créer ma propre entreprise », afin de réaliser les activités qu’elle apprécie le plus. Cette initiative est aussi à l’origine  d’une découverte : « J’ai trouvé un super produit à base de chaux qui m’inspire beaucoup », explique-t-elle avec passion. Avec cette matière, elle s’adonne à ce qu’elle préfère : la création de meubles. « Le but c’est de pouvoir faire de l’aménagement et de la conception d’espace », décrit-elle. En novembre 2012, elle lance officiellement Décolud.

« Plus c’est difficile, plus ça me plaît »

Le changement de secteur radical réalisé par la jeune femme lui procure une grande satisfaction. « Certes je fais de grosses journées mais j’ai de bons biceps », plaisante-t-elle. Cette jeune femme très féminine, pantalon moulant et talons hauts, n’a pas à première vue le profil de travailleur du bâtiment. Seules la trahissent ses mains brûlées par la chaux. Pourtant, elle n’a aucune difficultés semble-t-il à travailler dans un milieu très masculin. « Je joue sur les deux tableaux, avance-t-elle malicieusement. Quand on me voit sur les chantiers parfois on me charrie un peu au début. » Un machisme dont elle sait tirer parti. « Je suis quand même respectée, affirme-t-elle. Le plus important, c’est qu’on reconnaît mon travail. »

Un travail effectivement apprécié. Elle est détentrice du prix, « Coup de cœur de la création d’entreprise au féminin ». Elle est aussi arrivée 14e au concours national de la création d’entreprise sur 1 600 candidats. Présente à cette journée solidaire à la Villa Méditerranée pour répondre aux questions des femmes, elle a aussi reçu l’une des sept dotations avec la mention prix du courage.

La jeune trentenaire est fière de réussir dans ce milieu masculin et assure que ce n’est pas un handicape. Elle encourage les femmes à se tourner vers l’entrepreneuriat. « Les femmes ont encore plus la niaque que les hommes, taquine-t-elle. En tout cas, plus c’est difficile et plus ça me plait ! Comme dit mon mari, je suis une guerrière. »

Créée il y a un an et demie, Ludivine Guibilato affirme que son entreprise se porte bien, « le bouche à oreille commence à payer. » Parmi ces derniers chantiers, un gros travail au Prado Parc dont elle est fière. « Franchement les débuts n’ont pas été faciles mais je n’ai pas de regrets ! »

Charlotte Cosset

Articles liés

  • Dans les quartiers, le nouveau précariat de la fibre optique

    #BestofBB Un nouveau métier a le vent en poupe dans les quartiers populaires : raccordeur de fibre optique. Des centaines d’offres d’emploi paraissent chaque jour, avec la promesse d’une paie alléchante. Non sans désillusions. Reportage à Montpellier réalisé en partenariat avec Mediapart.

    Par Sarah Nedjar
    Le 18/08/2022
  • Privatisation : les agents de la RATP défient la loi du marché

    Après une grève historique le 18 février 2022, les salariés de la RATP, s’estimant négligés par la direction, se sont à nouveau réunis pour poursuivre leur mobilisation. En cause, toujours, des revendications salariales, mais surtout, une opposition ferme au projet de privatisation du réseau de bus à l’horizon 2025. Reportage.

    Par Rémi Barbet
    Le 26/03/2022
  • Dix ans après Uber : les chauffeurs du 93 s’unissent pour l’indépendance

    Une coopérative nationale de chauffeurs VTC, basée en Seine-Saint-Denis, va naître en 2022, plus de dix ans après l'émergence du géant américain. En s’affranchissant du mastodonte Uber, les plus de 500 chauffeurs fondateurs de cette coopérative souhaitent proposer un modèle plus vertueux sur le plan économique, social, et écologique. Après nombre de désillusions. Témoignages.

    Par Rémi Barbet
    Le 14/02/2022