Lundi 18 mars, dans l’après midi, la direction de PSA Peugeot Citroën convoquait les représentants des salariés pour évoquer, entre autres, le plan social concernant des sites d’Aulnay-sous-Bois et Rennes. Les salariés de l’usine de Seine-Saint-Denis se sont retrouvés au siège du groupe, avenue de la Grande Armée à Paris, pour une manifestation.
Des dizaines de camions de police, des CRS encerclent les manifestants en pleine route criant « nous sommes des ouvriers, pas des casseurs ! Les casseurs sont les patrons ! ». Un camion de pompier est sur place pour éteindre le feu causé par des pneus brûlés. Un couple de touristes regarde l’air effaré, pas la peine de leur demander ce qu’ils en pensent : « nous ne voulons pas parler, désolé ». La pluie tombe, les manifestants restent sur place, les journalistes les entourent.
Le CCE (Comité central d’entreprise) a commencé à l’intérieur. Dehors, on passe le temps : les salariés discutent, dansent, scandent des slogans, mais évidement ce qui se joue à l’intérieur hante tous les esprits et les rêves d’avenir. La grève est devenue comme une évidence pour espérer un meilleur futur « on n’a pas le choix », revient régulièrement sur les lèvres.
« C’est comme un bras de fer, il faut tenir face à l’adversaire », explique Marc, 17 ans d’ancienneté dans l’usine d’Aulnay. « Si on se bat c’est pour avoir des propositions sérieuses, les propositions que nous avons actuellement sont indignes ! ». En grève depuis le 16 janvier, les salariés grévistes (qui seraient entre 200 et 300) tiennent le coup, parfois malgré un moral au plus bas.
Diyer, embauché depuis 8 ans, relativise « moralement ça va, on s’est préparé, ça fait pratiquement deux ans que l’on sait que cette usine va fermer ». Pour autant, il a du mal à comprendre les décisions prises par son patron « lui ferme l’usine et pourquoi ce serait à nous de nous sacrifier ? Pourquoi c’est à nous de faire des efforts ».
Depuis l’annonce de la fermeture, plusieurs négociations ont eu lieu et pourtant, le conflit social perdure. En discutant avec les employés on comprend que la situation est beaucoup plus compliquée, comme l’explique l’un d’entre eux, 23 ans d’ancienneté dans l’usine d’Aulnay : « Pour l’instant y’a rien du tout, aucune garantie avec des chiffres qui changent tous le temps ».
Pourtant, en interne, un dispositif aurait été mis en place pour aider les salariés à retrouver, un emploi. « C’est un semblant de reclassement, on demande aux salariés de refaire un CV et il n’y a aucune garantie » poursuit, cet employé ancien d’une vingtaine d’années. Certains parlent d’offres d’intérim qui leur auraient été proposées via ce dispositif.
Pas de motivation non plus pour aller à Poissy, certains collègues leurs ont expliqué la situation qui est loin de les enchanter « ceux qui sont allés à Poissy sont en train de pleurer » ou encore « ils nous ont dit qu’il y aurait 1500 postes pour nous à Poissy alors que c’est faux ».
A la sortie de la réunion, tous s’impatientent d’avoir le compte rendu de Jean-Pierre Mercier, le désormais célèbre délégué syndical CGT. Au final, le plan social (8000 suppressions de postes et la fermeture du site d’Aulnay à l’horizon 2014) a été adopté à 15 votes sur 20 par les élus du CCE. Les délégués CGT et CFDT ont voté contre. Les quatre autres syndicats (SIA, FO, CFTC et CGC) ont voté pour. Une décision qui ne fait pas l’unanimité chez les salariés devant le siège. « Rendez-vous demain à l’usine pour continuer la grève » a lancé Jean-Pierre Mercier. Le mouvement social risque de continuer encore longtemps.
Imane Youssfi