Alors que je sors de la bouche de métro un peu essoufflée, je me fais interpeler par un jeune homme qui me tend les bras : « Mademoiselle, quelques minutes pour l’association UNICEF ! » Je lui réponds : « Bien sûr ! En échange de quelques minutes pour le Bondy blog ! » Le jeune homme s’appelle Reda. Bondy blog : Comment as-tu trouvé ce job ? Reda : Tout simplement sur un site de jobs d’étudiants. Il y avait une annonce, l’UNICEF recherchait des « recruteurs de donateurs de fonds ».

Comment et combien de temps travailles-tu ?

Je travaille avec une équipe de quatre ou cinq personnes, de 11 heures à 19 heures, dans le cadre d’un CDD de six semaines renouvelable.

Par qui et combien es-tu rémunéré ?

Nous sommes payés 10€ de l’heure. Nous touchons 10% de prime de précarité, 10% de congés payés et parfois une prime par rapport au nombre de missions. Ce sont des prestataires de services qui nous rémunèrent et non pas l’UNICEF directement.

Vous n’êtes donc pas payés à la commission ?

Non, du tout, d’ailleurs je pense que c’est mieux car on est payés normalement, on fait ce qu’on peut, ce serait difficile autrement.

Etes-vous formés pour exercer ce job ?

Oui, durant deux jours en début de mission, au siège de l’association. On nous parle de l’association, on nous apprend quoi dire. C’est normal, il faut que l’on soit en mesure de répondre au mieux aux futurs donateurs qui auraient des questions.

Es-tu convaincu par ce que fait ce type d’association ?

Depuis que je fais ce job, oui, j’ai été plus informé sur les engagements d’UNICEF et leurs domaines d’intervention. L’UNICEF est une agence de l’ONU, donc c’est très crédible. Depuis que je fais ce job, je me sens d’autant plus investi.

Etes-vous surveillés ? Testés ?

Il y a toujours un chef d’équipe avec nous mais il fait la même chose que nous. On est testés lors des deux jours de formation, sur notre énergie, notre dynamisme ainsi que notre élocution.

Y a-t-il des endroits stratégiques où vous agissez ? On vous voit souvent près des centres commerciaux, mais rarement près des bouches de métro…

En principe, on se rend dans les endroits les plus fréquentés. C’est généralement sur Paris. Mais il nous arrive d’aller en banlieue comme à Bobigny récemment ou bien Puteaux. Tout dépend du planning qui nous est remis. Chaque jour on bouge dans un endroit différent.

Quand tu vas vers les gens, que te répondent-ils le plus souvent ?

« J’ai pas le temps ! » (il rigole). C’est ce qu’on entend le plus souvent. Parfois c’est : « J’ai pas d’argent ! » ou encore « J’aime pas les prélèvements ! »

Et question comportement ?

Il m’est arrivé qu’au dernier moment une personne se rétracte mais c’est assez rare. Les gens changent souvent de trottoir ou bien font demi-tour (il sourit), il y en a qui accélèrent, d’autres qui font semblant d’être au téléphone.

Ça ne doit pas être facile !

C’est clair, mais j’oublie et je passe à une autre personne. D’ailleurs, je n’ai aucun préjugé envers les futurs potentiels, même s’ils ont l’air de faire la tête.

Très bien, bah merci, Reda, et bon courage à toi !

Merci !… « Monsieur, vous connaissez l’UNICEF ?… »

Emira BK

Articles liés

  • Dans les quartiers, le nouveau précariat de la fibre optique

    #BestofBB Un nouveau métier a le vent en poupe dans les quartiers populaires : raccordeur de fibre optique. Des centaines d’offres d’emploi paraissent chaque jour, avec la promesse d’une paie alléchante. Non sans désillusions. Reportage à Montpellier réalisé en partenariat avec Mediapart.

    Par Sarah Nedjar
    Le 18/08/2022
  • Privatisation : les agents de la RATP défient la loi du marché

    Après une grève historique le 18 février 2022, les salariés de la RATP, s’estimant négligés par la direction, se sont à nouveau réunis pour poursuivre leur mobilisation. En cause, toujours, des revendications salariales, mais surtout, une opposition ferme au projet de privatisation du réseau de bus à l’horizon 2025. Reportage.

    Par Rémi Barbet
    Le 26/03/2022
  • Dix ans après Uber : les chauffeurs du 93 s’unissent pour l’indépendance

    Une coopérative nationale de chauffeurs VTC, basée en Seine-Saint-Denis, va naître en 2022, plus de dix ans après l'émergence du géant américain. En s’affranchissant du mastodonte Uber, les plus de 500 chauffeurs fondateurs de cette coopérative souhaitent proposer un modèle plus vertueux sur le plan économique, social, et écologique. Après nombre de désillusions. Témoignages.

    Par Rémi Barbet
    Le 14/02/2022