Après son échec au baccalauréat, Zhen se demande s’il veut réellement « rempiler » pour obtenir le précieux sésame. En fait, il se sent davantage motivé par l’idée de se lancer dans la vie active. Même s’il ne possède pas de diplômes, Zhen connait bien le domaine de la restauration, car ses parents sont eux-mêmes restaurateurs et depuis plusieurs années déjà il les aide. Comme il le dit lui-même, c’est « ce qu’il sait faire de mieux » et surtout il pense que c’est « ce qui lui rapportera le plus avec un minimum d’investissement ». Alors avec un peu de courage, à 19 ans, il décide de créer son propre restaurant : plutôt que de racheter un fond de commerce, Il préfère monter son restaurant en partant de zéro. Il part à la recherche d’un local vide bien situé. Il trouve son bonheur à Nogent-sur-Oise près de Creil, ouvre et développe son commerce.

Au bout de deux ans de succès, voyant de plus en plus de restaurants s’ouvrir dans la région il sent le vent tourner. Il en parle à ses parents, il faut vendre, « dans la vie si on ne fait pas les choses avant les autres on se fait rattraper ». Rapidement ils réussissent à céder le restaurant et rebondissent en rachetant un fond de commerce à Fontenay. Cette fois encore, il innove mais différemment : il met en place le principe du Wok, les gens construisent leurs plats qui sont ensuite cuisinés devant eux. Encore une fois d’autres restaurants copient son concept, parfois en plus grand et plus démesuré. Mais le restaurant de Zhen fonctionne bien et la clientèle reste fidèle.

Mais son ambition ne s’arrête pas là. Ayant bien installé son entreprise, il veut s’attaquer à des projets plus ambitieux « ne lui rapportant pas forcément tout de suite ». Début 2006, Zhen décide d’attaquer le secteur de la distribution dans les restaurants chinois. Il a noté depuis longtemps que la seule bière d’importation chinoise vraiment bien distribuée en France est la Tsingtao alors qu’elle n’est même plus leader sur son marché d’origine. Zhen veut positionner une offre alternative crédible avec une autre marque de bière, la Yanjing dont il obtient l’exclusivité pour l’Europe. Cette première tentative se révèle peu fructueuse et les ventes ne sont malheureusement pas au rendez-vous.

Mais Zhen ne se décourage pas. Il décide d’essayer une nouvelle approche : l’idée, proposer aux restaurateurs la réalisation de menus gratuits avec une mise en page de haute qualité en échange d’encarts publicitaires présentant les produits que Zhen distribue. Cette approche permet de développer un canal de distribution via la diffusion de ses menus et réciproquement permet au restaurateur de renouveler des menus souvent tristes et fades d’apparence. Cette opération vient d’être lancée et les premiers échos semblent favorables. En l’occurrence, Zhen ne cherche pas à être moins cher ou à offrir une meilleure qualité de produit ; il mise avant tout sur la qualité et la simplicité du service pour se différencier et conquérir des parts de marché.

Zhen considère aujourd’hui que la croissance de ses activités ne viendra pas forcément de la restauration mais plutôt de la distribution spécialisée et des services offerts aux restaurateurs. Avec autant de détermination et d’imagination, gageons que ses nouveaux concurrents ont du souci à se faire !

Cédric Roussel

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