Jeudi dernier (1er juin), une cérémonie était organisée à la Bourse du travail de Bobigny pour le parrainage des enfants scolarisés sans-papiers qui vont se faire expulser à la fin de l’année scolaire.De nombreuses personnes étaient présentes, dont notamment le président du Conseil général de Seine-Saint-Denis, Hervé Bramy, et les responsables de la coordination des sans-papiers du 93, Marguerite Poulet-Parrès, Agnès Chazel, etc.

La salle était comble, l’ambiance était assez triste même si les discours des élus réchauffaient le cœur de tous ces enfants et parents sans-papiers qui étaient venus chercher réconfort et protection auprès de leurs parrains et marraines.

Les parrains, ce sont des élus ou des citoyens, « Nous les prenons sous notre protection » disent-ils. Avec « l’immigration choisie » et la nouvelle loi de Nicolas Sarkozy, les étrangers deviennent des humains jetables, perçus comme des menaces pour ce pays. Aujourd’hui, ils sont renvoyés dans leur pays d’origine, embarqués de force, menottés sur un siège d’avion ou par bateau s’il le faut. Certains enfants sont venus en France à cause de la guerre et n’ont plus de famille. D’autres sont venus rejoindre leur famille. La fin de l’année scolaire approche et ils doivent maintenant songer à quitter la France. Ils vivent avec une peur terrifiante, ils ne savent pas quelle vie les attend dans leur pays d’origine.

Marguerite Poulet-Parrès et Agnès Chazel nous expliquent brièvement leurs actions :

Quel sens donnez-vous à la manifestation d’aujourd’hui ?

Il s’agit symboliquement de montrer la solidarité qui est prête à se manifester envers les enfants en instance d’expulsion et leurs familles, et de militer contre l’application de la circulaire d’interpellation qui va concerner les cartes de séjour qui expirent à la fin du mois de juin.

Qui sont les parrains et que leur demandez-vous concrètement ?

Nous leurs demandons notamment de protester contre la circulaire et contre la loi. Les parrains sont majoritairement des enseignants en lien avec le réseau du Comité Inter-Mouvements Auprès Des Evacués (CIMADE) et des syndicats. Ils participent au réseau d’Etude Sans Frontière (ESF), qui a maintenant un an d’existence. Ce système de parrainage a commencé à Peyrefitte en mai-juin 2005, avec un succès immédiat puisque cela a entraîné un élan de solidarité de proximité qui a abouti à la régularisation des personnes concernées.

Est-ce que les parrains prennent des risques au regard de la loi ?

C’est vrai que la circulaire sur le délit de solidarité a sauté après que nous nous soyons rendus au Tribunal pour nous livrer. Mais les militants doivent prendre des précautions et ne surtout pas rester isolés. Les risques concernent moins les parrains que les militants recensés par les pétitions envoyées aux pouvoirs publics.

Il y a eu le cas Hassane Samb, qui est venu accompagner l’épouse enceinte d’un sans-papier en état d’arrestation au commissariat de Saint-Denis. Les policiers l’ont mis en garde à vue et ont exercé des violences sur l’épouse. Cela s’est passé dans le commissariat où plusieurs policiers ont été limogés cette année. A Calais récemment, il y a eu également un militant qui a subi des abus policiers.

On sait qu’on n’a pas le droit à l’erreur. On ira jusqu’au bout de notre devoir de solidarité.

Combien de militants y a-t-il en France ?

On est près de 70 000 signataires des pétitions et plus de 600 associations qui luttent pour la régularisation des personnes qui se trouvent sur le territoire français.

Malgré la déclaration de Nicolas Sarkozy le mardi 6 juin sur le petit geste qu’il ferait à l’égard de certains élèves sans-papiers et de leurs familles, le même jour au Mans la police est allée chercher une maman d’origine kurde et ses enfants à leurs écoles pour les emmener au commissariat puis à l’aéroport direction la Norvège, premier pays dans lequel la maman avait transité à son arrivée en Europe. L’inspecteur de l’académie a expliqué qu’il n’était pas au courant.

Ce n’est que le commencement, doit-on craindre le pire ?

Plusieurs manifestations auront lieu en juin et juillet, vous trouverez toutes les informations sur les sites RESF et UCIJ.

Par Essy

Essy Gnaglom

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