Déjà que ça m’énerve de prendre le train, c’est encore pire quand il y en a moins. Vous savez quoi ? J’aime pas les grèves. Heureusement que je ne monte pas tous les jours dans le RER D. Etant vendeur à domicile, je me déplace principalement avec ma Peugeot 106. Sauf que ce jeudi 23 septembre, mon rendez-vous est à Gare du Nord. C’est juste pour échanger un tissage trop noir au goût d’une cliente. D’ailleurs, quand celle-ci m’a appelé pour qu’on se rencontre là-bas, j’ai fait une de ces têtes… Mais voilà, il faut que l’argent rentre, j’ai donc accepté le rendez-vous avec un joli « mais bien sûr mademoiselle, donc à demain 16 heures, bonne soirée ».

Après le coup de fil, je me suis organisé en prévision de la manif sur les retraites et des grèves qui vont avec. J’ai me suis renseigné sur les horaires du jeudi et là, premier problème : un train toutes les heures. Second problème : le RER D est « coupé en deux » en plein milieu de ligne. Ce qui veut dire que si l’on vient de la banlieue sud et que l’ont veut se rendre dans la banlieue nord, il faut s’arrêter à Gare de Lyon et emprunter des correspondances jusqu’à Châtelet pour poursuivre son chemin.

Petit cours ferroviaire : le RER D part de Malesherbes (45) ou de Melun (77) et traverse l’Essonne, le Val-de-Marne, Paris, la Seine-Saint-Denis, le Val-d’Oise pour enfin finir à Orry-la-Ville/Coye-la-Forêt (60).

En partant donc de ma ville, Vigneux (91), pour Gare du Nord, je dois prendre la ligne 14 du métro pour aller à Châtelet et ensuite prendre la 4 (c’est plus rapide) jusqu’à GDN. Ça rajoute 30 minutes à mon trajet, or mon rdv est à 16 heures. Deux solutions : le train de 14h17 au départ de Vigneux (j’arriverai trop tôt) ou celui de 15h17 (j’arriverai en retard). Comme j’aime bien être à l’heure mais que j’aime pas galérer, je choisis de décaler le rdv à 16h30 (pas pro du tout, je l’admets) et monte dans le train de 15h17.

Me voilà dans le D, ça va, on n’est pas trop serré sur le quai ni dans les wagons. J’arrive à Gare de Lyon, descends du D, monte dans la 14, puis prends la 4. A 16h20 j’arrive à destination. Je suis à l’heure, mais pas ma cliente. Elle m’annonce qu’elle aura du retard à cause des trains. Pas grave, je prends mon mal en patience et me pose devant le petit Foot Locker d’où j’observe les gens passé. Ah ! Les pakistanais, les Indiens, les Africains, les jeunes et leurs fausses sacoches Gucci avec les bandes verte et rouge ou encore ces touristes paumés avec leurs grosses valises… C’est bien sympathique d’observer cette variété de couleurs et de cultures.

16h55, je reçois enfin un appel. Elle est juste derrière moi. Cool, je vais de suite la voir, on effectue le petit échange et cinq minutes plus tard l’affaire est réglée. Vu qu’il me reste 50 minutes à tuer avant mon prochain train de retour, je me dis que je peux un peu me pavaner, c’est pas la peine de se presser. Sur le quai, quelle foule ! Oulal, j’avais complètement zappé qu’il n’y avait qu’un train par heure. Pas de temps à perdre, je fais la file indienne, comme ça j’aurai ma place et n’aurai pas à zouker debout avec des gens.

C’est fait, j’ai ma place, à côté de la fenêtre, en plus. Un peu sadique, j’observe de ma place assise ceux qui luttent pour monter. Des disputes éclatent. Les « régulateurs de flux », avec leurs gilets de sécurité et casquettes vertes, crient des ordres : « Aller vers les couloirs pour faire plus de place ! » « Mais y’a plus de place ! Qu’on arrête de nous prendre pour des cons ! » Et moi qui suis assis…

Prosith Kong

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