Ce n’est pas la promotion d’un nouveau film que Luc Besson est venu faire jeudi dernier dans le hall de la tour Pleyel. Bien au contraire, son projet de Cité du cinéma en Seine-Saint-Denis est loin d’être une fiction et nombreux sont les habitants à s’être déplacés pour en débattre avec le réalisateur et les élus des trois communes concernées.

Cette cité du cinéma comprendra neuf studios, de très nombreux bureaux pour les sociétés de production, des ateliers pour la construction des décors, des restaurants… Bref, tout ce qui est nécessaire à la création d’un film sera réuni en un seul et même lieu. Elle se trouvera à Saint-Denis, à quelques encablures du Stade de France et prendra en partie place dans une ancienne centrale électrique qui sera réhabilitée et réaménagée pour un coût total de 130 millions d’euros ! L’ouverture des studios est prévue pour le printemps 2010.

Si l’industrie de l’image et en particulier de la télévision est déjà très implantée à Saint-Denis (beaucoup de programmes sont « fabriqués » à la Plaine Saint-Denis), ces studios seraient les premiers de cette importance en France. Pourtant, une telle initiative n’est pas nouvelle : il en existe en Italie (Cinnecitta), en Angleterre (Pinewood) ou encore aux Etats-Unis (Hollywood). La France qui n’a aujourd’hui pas de structure équivalente accuse donc un certain retard.

Pour avoir travaillé à Hollywood, Luc Besson s’est inspiré du modèle des studios américains qui concentrent toute la chaîne de création d’un film, de la production à la construction des décors, du tournage à la postproduction. En plus du marché français (le plus important en Europe), il espère capter une partie du marché européen et surtout, une bonne part des 500 millions de dollars dépensés par les Américains tous les ans pour venir tourner leurs films en Europe.

Après une présentation du projet de quelques minutes, le réalisateur a préféré répondre directement aux questions des riverains. S’ils ont eu du mal à se lancer, les questions se sont rapidement enchainées, plus ou moins précises et sérieuses. Il a entre autre dû répondre aux inquiétudes d’une mère de famille dont les enfants sont scolarisés tout près du futur chantier, aux interrogations d’un riverain à propos de la dépollution du site, aux sollicitations de plusieurs personnes du public venues lui soumettre un scénario ou lui demander un emploi. « Ce n’est pas parce que je suis ici que je vais vous faire des promesses que je ne tiendrais pas », leur a-t-il répondu.

L’emploi était donc au centre du débat. Mais s’il est question que la Cité du cinéma génère plusieurs centaines voire plusieurs milliers d’emplois directs et indirects dans la région, ils exigent pour la plupart une grande qualification, alors même qu’il existe déjà beaucoup de professionnels exerçant à proximité du site. Le réalisateur n’a cependant pas fermé la porte aux habitants du département, il s’est même engagé à en embaucher pour des postes moins techniques et éventuellement d’en former quelques uns venant des formations audiovisuelles alentours.

Mais au fait ? Pourquoi venir s’installer dans le 93 ? Pour Luc Besson, la réponse sonne comme une évidence tant le département présente d’avantages : notamment la proximité avec Paris et la présence de l’aéroport de Roissy ; ce sont des atouts importants jusqu’alors trop peu exploités.

Le meilleur des « plans banlieue » viendra de l’initiative d’entrepreneurs qui, comme Luc Besson, monteront des projets de grande ampleur et créeront des emplois en banlieue.

Fethi Ichou

Fethi Ichou

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