Bondy Blog : France 3 Ile-de-France s’installe en Seine-Saint-Denis. Pourquoi cette nouvelle antenne ? Fabrice Goll : Ce nouveau bureau d’information permanent, BIP dans notre jargon, ouvre à Bobigny pour couvrir l’actualité du 93. Nous avons déjà un bureau à Cergy (Val d’Oise), un à Melun (Seine-et-Marne) et dans un an, les Yvelines devraient, également, accueillir un BIP à Versailles. La Seine-Saint-Denis est un symbole à elle seule. On imagine que le projet a dû être discuté en haut lieu… Qu’entendez-vous par « haut lieu ? »

Y a-t-il eu une impulsion gouvernementale ? Le département a, notamment, été le théâtre d’émeutes en 2005…

Non pas du tout. Il ne s’agit pas d’une décision gouvernementale mais bien d’un choix  de France 3 Ile-de-France. La chaîne veut faire plus de proximité avec ses téléspectateurs, tout simplement. Contrairement à ce que l’on peut penser, il se passe beaucoup de choses dans le 93. Il y a une actualité, diverse et variée. Il nous paraît important que les gens de Seine-Saint-Denis se sentent représentés.

Justement comment allez-vous travailler ?

En étant sur place, on aura des contacts. Nous allons bâtir un réseau d’informations. Ce sera l’occasion de réaliser des reportages. Il n’est pas question pour nous de faire le défilé des voitures qui brûlent. Pour autant, il ne s’agit pas non plus de faire de l’angélisme…

On parle beaucoup du traitement, parfois biaisé voire caricatural, de la banlieue par les médias traditionnels. Comment comptez-vous éviter cet écueil ?

Une partie de notre travail consistera à mettre en place un suivi. Encore une fois, il y a une actualité culturelle très riche. Le but est de montrer que dans ce département des choses positives ont lieu. Tout cela ne sera possible qu’à travers cette antenne permanente. Nous serons la seule chaîne à avoir un bureau dans le 93 contrairement aux autres médias qui viennent uniquement quand il y a  des news…

Les journalistes sont souvent accusés de faire dans le sensationnel. Comment espérez-vous obtenir la confiance des habitants ?

C’est vrai que ce ne sera pas simple. D’autant que les caméras ont une mauvaise image en banlieue. Notre objectif est de montrer que l’on peut faire notre boulot même en télé. On va se constituer un réseau, tisser du lien avec les habitants. Un enjeu clé dans notre démarche d’autant que nous ne travaillons pas avec des fixeurs.

On parle de la méfiance des habitants. N’y a-t-il pas aussi des préjugés chez les journalistes concernant la banlieue ?

Je ne suis pas d’accord. A France 3 Ile-de France, on connaît bien les quartiers. Depuis un an, on cumule 500 reportages, 50 directs. Et puis, les deux journalistes qui composent l’équipe, Alexandra Marie et Mathieu Caillot viennent tous les deux de banlieue. L’un de Bobigny, l’autre d’Argenteuil. On ne va pas mettre des perdreaux du 8e arrondissement de Paris !

La plupart des médias le font bien…

Nous, on ne souhaite pas le faire. D’ailleurs, venir de banlieue ou en tout cas bien la connaître constitue un critère de recrutement.

Est-il question de recruter des journalistes issus du 93 ?

Les BIP se composent  toujours de deux personnes. Il n’y a pas de développement prévu. C’est le 103e bureau de France 3 en métropole. Mais ces antennes ne sont pas amenées à grossir.

Y a-t-il une façon de travailler spécifique aux quartiers ?

On va parler de la Seine-Saint-Denis comme on parle des autres départements. Après pour le recueil de l’information et le tournage, c’est autre chose. Il y a des précautions à prendre.

C’est-à-dire ?

On a déjà été caillassés. Donc, il y a des précautions à prendre pour éviter les incidents. Quand on voit que la Police ne va pas dans certains quartiers, on ne va pas forcer les choses. Il y a des heures de tournage à éviter. Le matin plutôt que le soir. On verra à l’usage. Mais dans certains quartiers, on n’y va pas la fleur au fusil.

Qui finance ce projet ?

C’est un volet confidentiel.

Avec quels sujets allez-vous faire le lancement lundi ?

Un sujet sur l’image de la Seine-Saint-Denis. Nous nous intéresserons aussi aux entreprises qui s’y installent. Il y aura un sujet sur un festival de hip hop et une présentation de notre bureau.

Quel est le profil-type de vos téléspectateurs ?

Nous sommes une chaine généraliste. Nous n’avons pas de cible particulière. On vise tous les publics, d’où des programmes éclectiques. Notre audience représente 12% des parts de marchés.

Quelle touche comptez-vous apporter sur la banlieue ?

J’ai envie de faire des portraits, de militants associatifs, par exemple. L’idée est d’humaniser les reportages. Mettre des visages sur ce département.

Propos recueillis par Nadia Moulaï

Prise d’antenne, lundi 6 novembre à 18h40, sur France 3 Paris Ile-de-France.

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