Ce qui est bien avec les médias et le gouvernement c’est qu’ils ne sont pas toujours d’accord sur tout. Mais dès qu’il s’agit de faire résonner un mot, tous jouent la même mélodie. Certains sortent les violons, d’autres préfèrent la flûte. Au final c’est le même tintamarre. Un écho qui résonne comme une cloche dans le grand canyon. Migraineux s’abstenir.

Et dans cet orchestre où l’on peine à localiser le chef, les chœurs prennent la place des cœurs. Utiliser la tristesse de cette famille dont la plaie est encore vive, c’est l’Etat qui récidive, encore : un fait divers,  une émotion, une loi. Nelly Crémel, Marie-Christine Hodeau ou encore Laetitia Perrais, leurs drames ont été à l’origine de nouveaux projets de loi. Tout comme le sera celui d’Agnès, 13 ans, tuée et violée par un jeune de 17 ans déjà condamné pour viol.

L’Etat n’est pas le seul accro à la récidive. Les médias aussi, sans même s’en rendre compte, tombent dans le travers. Le traitement médiatique à géométrie variable est un grand marronnier. Si la mort d’Agnès a suscité, à juste titre, une vive indignation, celle de Mariam tuée dans un cimetière du Val-d’Oise a tout autant indigné… Par son silence médiatique.

Recommencera, recommencera pas ? Qui peut prétendre pouvoir prédire les gestes d’autrui ? Personne. Qui pouvait prévoir que Bachar El Assad allait récidiver en tirant sur la foule encore et encore ?  Tout le monde. Lui vous dira, qu’après  plus de dix mois à entendre parler de printemps arabe, il lutte, à sa façon, contre le changement climatique.

Qui  aurait prédit aussi qu’après le départ de Moubarak en février, la célèbre place Tahrir serait de nouveau noire de monde pour un épisode 2 de la révolution ? C’est ainsi, les histoires se suivent et se ressemblent. A croire que la récidive est inhérente à l’histoire.

Après le scandale qu’avait provoqué l’agression sexuelle de cette journaliste américaine Lara Logan, voilà que le fait se reproduit, avec Caroline Sinz, journaliste à France 3. On s’était dit rendez-vous dans 10 mois. Même jour, même heure, même pomme. Dans ce pays où 83% des femmes affirment avoir subit des agressions sexuelles, la ceinture de chasteté en kévlar fera bientôt office de gilet par balles pour les femmes journalistes.

L’être humain est tellement imprévisible. On ne peut anticiper ses gestes. En même temps, paraît que pour noyer son chien il faut accuser la rage. Qui veut cacher son échec accuse la récidive. Pourvu qu’avec un peu de chance, ce terme ne soit plus à la mode au printemps 2012…

Widad Kefti

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