On l’a dit en rigolant, hier, à la fin de l’entretien qu’il nous a accordés. Et cela lui a fait ouvrir grand les yeux, puis éclater de rire, comme si l’idée ne lui avait jamais traversé l’esprit mais qu’elle ne lui déplaisait pas forcément. Hier, le stade Léo-Lagrange était bien devenu le stade Kylian-Mbappé, au moins l’espace d’une journée. Ils étaient quelques milliers, dès le début d’après-midi, à se masser sur la pelouse bondynoise pour assister à la cérémonie préparée en l’honneur du prodige local.
On s’est alors souvenus que, petit, on rentrait tout fiers à la maison, après l’école, quand on avait décroché une bonne note. C’était un peu ça, la journée d’hier. Kylian Mbappé, qui a grandi en face du stade et passé des heures par milliers à arpenter balle au pied chaque mètre carré de l’enceinte, y est revenu hier comme une star. Auréolé d’une étoile pas comme les autres : un titre de champion du monde de football.
« Je suis plus heureux que vous ne l’êtes », a-t-il lancé en préambule à la tribune. On se permet toutefois d’en douter, au vu des sourires et des étoiles dans les yeux qu’affichaient les milliers de jeunes, et moins jeunes, présents. Croisé dans la foule, Fréjus, 15 ans, joue à l’AS Bondy, comme Kylian au même âge. « Ca fait vraiment plaisir de le voir revenir. Pour nous, qu’est-ce qu’il représente ? Bondy, la ville des possibles ! Grâce à lui, on se dit qu’en partant d’ici, on peut faire beaucoup de choses ».
Des selfies à la pelle avec les jeunes de la ville
L’adolescent n’oublie pas de glisser. « Ca fait longtemps qu’on attendait son retour« . C’est vrai. Quand Griezmann, Matuidi, Lloris ou Pogba allaient présenter le trophée du Mondial dès les lendemain du sacre, Bondy a dû prendre son mal en patience pour voir revenir son héros. La faute à des exigences de sécurité imposées par les services de police. Il a fallu préparer soigneusement l’événement, le cadrer aussi : (une centaine d’agents de sécurité quadrillait les lieux.
Mbappé n’est pas un joueur comme les autres, même pas un champion du monde comme les autres. Il arrive dans trois vans noirs aux vitres teintées, entouré de ses parents, de ses avocats, de ses proches, de ses agents de sécurité. Chacun de ses pas est contrôlé, chaque minute de son temps est calibrée. Mais lui réussit à être vrai. Quand il parcourt le terrain synthétique pour enchaîner les photos avec des jeunes de l’ASB et des centres de loisirs bondynois, il le fait en prenant le temps, de sourire, d’échanger.
Il s’est sûrement rappelé, comme il nous l’a dit ensuite, que “(son) histoire à (lui), c’était celle-là, ce stade stabilisé qui était devenu un synthétique, cette pelouse où il y a des trous partout« . Il a d’ailleurs passé les étapes une à une : le synthétique pour saluer et faire des selfies avec les jeunes de chez lui, le « club house » derrière les vestiaire où il a pu se restaurer (et donner un entretien au Bondy Blog), puis la pelouse, ou plutôt l’estrade qui la surplombait, pour communier avec ses fans.
La maire lui remet la médaille de la ville… et une flûte traversière
Sur scène, la maire, Sylvine Thomassin, le maître de cérémonie, Christian Jeanpierre, l’ancien présentateur de Téléfoot sur TF1, et Athmane Airouche, le président de l’ASB, entourent le champion. Qui se voit remettre la médaille de la ville, le titre de citoyen d’honneur de Bondy et un maillot de l’ASB floqué “Mbappe 10”. Pour l’anecdote, la maire, dont la fille côtoyait Kylian au conservatoire de la ville, lui offre une flûte traversière, pour se remémorer l’époque où il en apprenait.
Il y avait bien quelques guests (comme Fianso et Lartiste, deux rappeurs locaux), il y avait bien quelques caméras mais le retour de Kylian Mbappé à Bondy s’est passé à son image. Familial, simple et authentique. Ce n’était pas franchement la rencontre d’une star et de ses fans. On a eu l’impression que ceux qui l’acclamaient, auraient pu être ses amis d’enfance, ses petits frères et soeurs ou ses coéquipiers d’antan. Une grande réunion de famille, en somme. Il fallait voir la foule réclamer le papa du joueur à grands cris de “Wilfried ! Wilfried !”. Pas de doute, Kylian était bien chez lui à Léo-Lagrange.