Ils étaient tous là. Les sportifs, d’abord, près de 150, retraités comme Stéphane Diagana, Marie-José Pérec, Marion Bartoli ou Jason Lamy-Chappuis, mais aussi encore en activité, comme Teddy Riner, Renaud Lavillenie ou Christophe Lemaître. Les politiques avaient également répondu présents. Anne Hidalgo, maire de Paris, en tête, mais aussi le ministre des sports, Patrick Kanner, le président de la région Île-de-France, Jean-Paul Huchon ou celui de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel. Et même deux anciens ministres des sports, qu’on pourrait qualifier de « sporlitiques », Jean-François Lamour et David Douillet.
Les sourires sont de mise. L’événement est capital et il convient de se montrer. Lorsque vient le moment de se rassembler pour les premiers discours, ça joue des coudes. Tout le monde essaye de se placer au mieux pour apercevoir les athlètes, mais également pour les photos et les caméras des nombreux journalistes présents, français comme internationaux. Il convient aussi de montrer qu’on connait du monde, ça fait toujours plus classe. Alors on serre des paluches, on trinque à la réussite du projet et on se parle de ses belles années sur les bancs des écoles ou dans les stades les plus prestigieux.
Mais le message n’en souffre pas. L’événement rassemble. Politiques de droite ou de gauche, champions de tous sports n’ont qu’un seul mot en bouche : « gagner ». Pour qu’en 2024, un siècle après sa dernière olympiade, Paris redevienne le centre du monde sportif. Alessandra Sublet, mène de manière très enthousiaste la cérémonie. L’animatrice de France 2 se mue même en réanimatrice lorsqu’elle convie sur scène Guy Lux (décédé depuis 2003), au lieu de Guy Drut. Ce qui frappe, c’est que la parole est donnée prioritairement aux sportifs. Bernard Lapasset et Tony Estanguet sont les premiers à s’exprimer, en tant que chefs de file du projet puis suivent Marie-Josée Pérec, Laura Flessel et Teddy Riner, très convaincant en chauffeur de salle. « Allez Paris ! », « Paris est magique », « Vous voulez les gagner ces Jeux ? », lance à plusieurs reprises le judoka, septuple champion du monde et champion olympique en titre. Anne Hidalgo clôture la cérémonie beaucoup plus enjouée et motivée par le projet, qu’il y a quelques mois.
« Génération 2024 »
Le projet s’inscrit sur le long terme et beaucoup utilisent l’expression d’une « génération 2024 » qui pourrait en profiter. Un projet qui toucherait également la Seine-Saint-Denis, comme nous le confie Patrick Kanner, ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports : « Je souhaite vraiment qu’il y ait une mobilisation générale de tout un pays avec cette gagne qui viendra au bout de 24 mois de compétition intense. Je suis intimement convaincu que la Seine-Saint-Denis sera sur le plan territorial, un des principaux lieux de concentration des équipements sportifs que nous allons accueillir pour la candidature. Le 93 va être reconnu sur le plan national et international. » Stéphane Troussel abonde dans son sens.
Le président du Conseil Général de la Seine-Saint-Denis revient sur la manière dont le Comité international olympique apprécie les candidatures : « Il y a de plus en plus l’idée que les Jeux ne sont pas un événement ponctuel. Cela doit être la possibilité de laisser pour des territoires et la population une trace, un héritage et s’il y a bien un territoire de la métropole qui a besoin de rééquilibrage, d’investissement, de projets, c’est bien le nôtre. Des projets, on en a, mais la candidature aux JO doit être un moyen de les accélérer ». La question financière est évidemment débattue. Les moyens sont mis d’entrée avec 60 millions d’euros débloqués pour la candidature.
On chiffre l’organisation des Jeux à près de 6 milliards d’euros, bien loin des folies de Londres ou Sotchi, mais David Douillet anticipe déjà la réaction de ses concitoyens. Pour l’ancien champion olympique de judo, ministre et actuel député des Yvelines, « le plus dur, ça va être d’expliquer aux Français qu’on peut organiser les JO. Il va falloir expliquer que ce n’est pas un coût, même si on dépense 6 milliards, mais un investissement. Ces 6 milliards serviront à structurer la société française au moins pour 30 ans. C’est un coup de boost. En réalité, si on fait les comptes de ce que peuvent apporter les Jeux, à la fois pour une publicité internationale et la structuration d’une société à travers les valeurs du sport, 6 milliards, c’est peu de chose ».
Des sportifs engagés, un monde politique uni et un budget conséquent, mais pas astronomique (pour le moment), la candidature de Paris 2024 semble donc se présenter sous les meilleurs auspices. Rendez-vous à Lima, au Pérou, en 2017, pour savoir qui de Paris, Boston, Rome, Hambourg ou la dernière venue, Budapest, décrochera le gros lot.
Jonathan Sollier

Les yeux dans la flamme olympique
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