Article initialement publié le 29 mai 2022.

Aider les mères et leurs enfants. L’initiative de MaMaMa est aussi simple et essentielle que ça. A l’origine de ce projet il y quatre femmes : Aïcha, Magali, Marielle et Marguerite dont les prénoms ont inspiré le nom de l’association. Bénévoles pour l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris (AP-HP) et la Croix-Rouge pendant le confinement, elles suivaient quotidiennement par téléphone des patientes touchées par le Covid-19, dont des mamans. Des mères de famille, souvent isolées, et qui ont vu leur situation de précarité accentuée par la crise sanitaire.

Les nourrissons : “l’angle mort de l’aide alimentaire” 

Parmi celles que l’association aide, certaines racontent qu’elles sautent des repas pour acheter des couches, d’autres qu’elles ne peuvent simplement plus nourrir leur bébés. Confrontées à ces histoires bouleversantes et face à cette détresse au bout du fil, elles ont réagi et engagé un premier élan de solidarité en leur livrant des colis alimentaires et de produits d’hygiène de première nécessité. Ainsi est né MaMaMa en 2020.

L’association est soutenue par l’équipe de suivi à domicile Covidom, l’AP-HP et la Docteur Ghada Hatem, fondatrice de la Maison des femmes avec qui elles se sont mobilisées pour réaliser la première livraison d’alimentation pour bébé.

Une association au triste succès et en pleine croissance

À la fin de l’année 2021, le collectif qui compte près de 900 bénévoles dans ses rangs a dénombré près de 65 000 bénéficiaires. Un formulaire de demande a rapidement été mis à disposition des centres de Protection Maternelle et Infantile (PMI) via lequel l’association peut constituer des colis les plus personnalisés possibles.

MaMaMa est aujourd’hui essentielle pour des milliers de femmes franciliennes et fait partie des rares associations qui viennent en aide aux mères et aux nourrissons. Les bénévoles font le maximum pour répondre à leurs besoins notamment pour les petits entre 0 et 3 ans qui sont dans « l’angle mort de l’aide alimentaire », selon Lara Géhin, membre de l’association. À cela s’ajoute la difficulté de récupérer des dons alimentaires et des produits hygiéniques pour bébés. « Si MaMaMa n’avait pas été là, il y aurait eu des drames », confirme Brigitte Saleg, directrice PMI des Moulins à Saint-Denis.


65 000 bénéficiaires ont pu être aidés par l’association depuis sa création en 2020. 

Si Blédina et Mam Baby ont été les deux premiers partenaires qui ont permis de lancer l’activité de distribution alimentaire, l’association compte maintenant près de 200 partenaires supplémentaires et cherche encore à se déployer. MaMaMa qui étend sa zone d’action sur 8 départements (Île-de-France et alentours), s’associe aux centres de PMI et aux centres de santé du territoire pour détecter les situations d’urgence.

Elle s’est révélée être une plateforme logistique et une ressource pour près de 110 associations. MaMaMa diversifie ses activités de distribution directe : maraudes en hôtel social, partenariats avec des acteurs de terrain, accueil des mères et des familles dans leur locaux de Saint-Denis, en plus des colis.

On essaye d’avoir l’approche la plus globale possible pour éviter aux femmes de se déplacer aux quatre coins de l’Ile de France. 

En 18 mois, ce sont 121 tonnes de produits alimentaires qui ont été récoltées, des centaines de dons de vêtements et de jouets entreposés dans leur local dionysien de 1500 mètres carrés. C’est ainsi qu’une chaîne d’entraide s’est formée, entre les bénévoles, les donateurs, les entreprises de transports et les bénéficiaires. Une chaîne de solidarité sans qui le projet solidaire n’aurait été possible.

« On espère pouvoir garnir davantage nos colis sur-mesure, on essaye d’avoir l’approche la plus globale possible pour éviter aux femmes de se déplacer aux quatre coins de l’Ile de France », confie Lara Géhin. Si les produits alimentaires et l’hygiène pour bébé constituent les besoins majeurs des aides, MaMaMa sait que les femmes se privent beaucoup. C’est pour cette raison que l’association prend le soin de mettre à disposition de l’aide matérielle (poussettes, lit, jouets d’éveil…) mais aussi des produits d’hygiène : gels douche, shampoing, vêtements, protections périodiques) pour que les femmes puissent prendre au minimum soin d’elles et pallier la précarité qui les touche.

Des projets fleurissent pour agrandir la famille MaMaMa

Le nouveau projet de fabrication de petits pots pour bébés s’inscrit dans un système d’autonomisation alimentaire de l’association pour pallier l’incertitude des dons tout en offrant une alimentation adaptée et équilibrée à travers un réseau d’approvisionnement en légumes et fruits locaux, éthiques et bio. Ce programme d’innovation, soutenu par AgroParisTech et Action contre la faim a pour ambition d’embaucher des femmes en situation de précarité accompagnées par MaMaMa.

On fait en sorte que l’humain soit au centre de tout, que ce soit un havre de paix.

Au-delà de l’aide matérielle, l’association est surtout un lieu d’échange. Chaque femme est reçue lors d’un rendez-vous individualisé d’environ une heure et demie durant lequel elles discutent avec les bénévoles et créent du lien. À ce jour, plus de 5000 rendez-vous individuels se sont tenus. Ces précieux moments d’échanges permettent dans une autre mesure d’orienter et de proposer un accompagnement des mères isolées. Des ateliers d’estime de soi et des groupes de parole ont été mis en place pour que chaque femme puisse partager son parcours de vie, son histoire et son courage.

Inès Boudabbous

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