À l’origine, moi, Omar Sharif, je pensais qu’il était de ma famille. Le teint, la moustache, les yeux noirs… c’est simple, quand il passait à la télé, je vérifiais que mon père n’était pas loin comme ça j’étais bien sûre qu’il ne s’agissait pas d’une seule et même personne. Je ne me souviens pas le nombre de fois où j’ai vu Lawrence d’Arabie, enfin si, plein, je l’ai vu plein de fois. Enregistré sur une cassette un jour où il était diffusé à la télé, depuis, sous l’impulsion d’un grand frère fasciné par ce film et son histoire on y avait droit presque tous les week-ends. (En alternance avec les westerns spaghettis et les films avec Terence Hill et Bud Spencer).
Pendant longtemps j’ai cru qu’il n’avait fait qu’un film, celui-là, qu’il n’avait été que le Shérif Ali Ibn el Kharish. Je me souviens que ça me faisait plaisir de voir un arabe à la télé, dans un film. Le seul qui me revient à la mémoire à part Omar Sharif, c’est celui qui se fait tabasser puis tuer dans Train d’enfer de Roger Hanin. Alors j’ai vite préféré Omar Sharif même si en vrai il s’appelait Michel. Peu importe, bêtement, comme une enfant, je me sentais fière.
Puis dans mon monde il a disparu des écrans radars, je ne l’ai plus vu puis un jour il m’a révélé sa « grande passion ». Le tiercé. Je ne me souviens plus si c’était avant ou après le journal de 20 h, que souriant, révélant ses dents du bonheur, il nous faisait partager le sien. Mais je sais bien que je le regardais avec les yeux tout écarquillés, comme contente de retrouver quelqu’un de la famille que je n’avais pas vu depuis longtemps. Puis dans ma tête ou devant mon miroir, j’essayais de répéter avec la même intonation que lui « les courses, vous le savez, c’est ma grande passion ! ».
Sa passion pour les courses et pour les jeux, ça n’était pas trop apprécié du côté de chez moi, on la tolérait, car de toute façon on ne peut pas s’arrêter d’aimer quelqu’un de sa famille non ? Quand il le voyait, mon père avait l’habitude de dire « mais de toute façon, les gens du cinéma, ils ont toujours un vice, l’alcool, la drogue, les jeux ou quelque chose ils peuvent pas s’en empêcher ». Moi je crois que je suis quand même restée fascinée par la pub pour Tiercé Magazine. Même si après j’ai découvert sa filmographie, et bien sûr le Dr Jivago, et que j’ai aimé Ibrahim et les fleurs du Coran et le César que ça lui a apporté.
Aujourd’hui, plus que de dire dire au revoir à Omar Sharif, je le dis aussi à une petite partie de mon enfance ou il a incarné le bel oncle intrépide, aventureux et brillant qui nous faisait rêver, nous rendait fiers et dont on aurait aimé partager toutes les aventures. Et pour moi ça, c’est son plus beau rôle.
Latifa Oulkhouir

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