Le lieu est une caverne d’un Ali Baba un peu crade : des graffitis à l’entrée, une armée de mégots par terre, de l’huile de vidange, une remorque qui trône à la même place depuis Mathusalem, des tessons et des bris de verre jonchent le sol, une des deux barrières de sortie fracturée… Le gardien sous sa guérite dit avoir a peur. Tout comme des usagers qui paient pourtant 30, 40 ou 50 euros par mois, depuis le 1er octobre 2004 selon qu’ils soient respectivement usagers du RER E, commerçants ou résidents de la cité voisine. Bien que les autres étages soient à peu près dans un état « potable », le deuxième étage du parking de la gare de Bondy laisse à désirer. Le dernier niveau, quant à lui, a été complètement délaissé par ses occupants et a été réinvesti par des jeunes.

Des voix entrent en résistance. Parmi elles, Nicole*, usagère régulière dont la colère ne faiblit pas. Elle s’indigne : « C’est tellement gras que tu glisses dans l’huile. Quand ce n’est pas l’huile, tu marches dans les tas de mégots. Ils nettoient jamais. » Elle aimerait qu’une petite camionnette passe pour nettoyer. « Ils pourraient poster une affiche demandant de libérer un étage telle nuit, qu’ils s’organisent quoi ! »

Une épave de voiture  « a traîné pendant des mois avant qu’elle ne soit enlevée. Après une amende et le relevé de la plaque d’immatriculation, la police a enfin recherché le propriétaire car elle avait obtenu l’autorisation de la préfecture ». Un état désastreux, des voitures abandonnées… Une atmosphère anxiogène pour Nicole, surtout à l’heure de récupérer son véhicule. C’est pourquoi, elle préfère se garer à l’étage du gardien, « je me sens plus en sécurité même si je me demande où sont les caméras ».

Nicole n’est pas contre le fait de se délester des 30 euros d’abonnement mensuel, mais à condition d’être en sécurité, que le souterrain soit propre ainsi que d’être certaine de pouvoir se garer. Elle relève toutefois « depuis que le parking est payant, je ne tourne plus pendant 20 minutes au petit matin pour trouver une place avec l’angoisse de prendre une amende si je suis mal garée ».

Le gardien qui désire garder l’anonymat pointe du doigt les bandes de jeunes, tout en affirmant que le nettoyage est réalisé une fois par mois. L’homme, embauché par la société Sanema, comme les deux autres gardiens qui tournent de 7 heures à 1h45 du matin, exprime sa peur : « Ce sont les jeunes qui font le bordel. Ils traînent au parking, ils dealent, ils viennent avec leurs copines… Souvent, on appelle la police : elle vient mais ne fait rien. » Il n’ignore pas la peur des usagers.

A la mairie de Bondy, le chef de cabinet argue que le parking est en délégation de Service public. Il souligne que le tarif inclut une prestation de surveillance et de nettoyage dont le délégataire doit s’acquitter. Cependant, malgré les réclamations persistantes, « celui-ci ne parvient pas à conserver en état satisfaisant le parking et subit de nombreuses dégradations (extincteurs vidés, squat et casse du matériel). A l’initiative de la ville, une réunion s’est tenue avec le délégataire et le commissaire de police afin d’engager tous les efforts pour une solution durable du problème ».

Stéphanie Varet

Stéphanie Varet

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