13h30. J’enfourche mon vélo et je pédale direction Bondy Nord. J’ai rendez-vous à la maison de quartier Daniel Balavoine. Des cours pour apprendre le français y sont organisés trois fois par semaine. J’aimerais pouvoir parler à des femmes immigrées. Le vendredi, il y a un cours de cuisine. Pour de nombreuses femmes musulmanes, ces quelques heures sont l’unique occasion de quitter leur foyer et de rencontrer d’autres femmes. Si leur mari le leur permet, évidement. Tous les hommes ne sont pas d’accord. A mon arrivée à Bondy, jeudi après-midi, Serge et moi nous étions déjà rendus ici. Je m’étais présentée à deux groupes de femmes immigrées. Acceptaient-elles de me parler? « Il faut que je demande à mon mari » était la réponse standard.

Animatrice depuis 15 ans à la maison de quartier, Fatima connaît bien la situation de ces femmes qui viennent à ses cours de cuisine et de couture. « On est encore un peu au Moyen Age! Pour elles, après Dieu, il y a leur mari. Elles ne le disent pas ainsi, mais cela se sent. » Elle me parle de la fête organisée ici, après le Ramadan. « Je connais une toute jeune femme que son mari n’a pas laissé venir. »

Dans ce centre, on enseigne aussi à prendre le bus, le métro. « Ces femmes vivent dans le cercle fermé de leur famille, ne parlent qu’en arabe. Certaines sont très épanouies, d’autres moins. Mais elles ne se plaignent pas, c’est leur culture, elles acceptent leur situation ». Soraya, une autre animatrice, est venue se joindre à la conversation: « Ces femmes savent que le savoir c’est l’indépendance. Très peu d’entre elles ont été à l’école dans leur pays. ».

Retour au cours de cuisine. Les femmes sont en train de consulter des livres pour établir un menu pour la prochaine séance. Le thé est servi, il y a de délicieux petits gâteaux sur une assiette. Fatima demande aux unes et aux autres d’évoquer leur situation « pour la journaliste suisse ».

Par Sabine Pirolt

Sabine Pirolt

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