Tout récemment, les frères Bogdanov ont sorti un livre, « Le visage de Dieu ». Ils se sont intéressés à la naissance de l’univers, se sont mis à la recherche du fossile cosmique. Pour ma part, plus terre à terre, je voudrais connaître l’origine des légumes. Je vais donc me mettre en quête du fossile légumineux et deviendrai peut-être le triplé des jumeaux Bogdanov.

A moi le secret de la naissance des primeurs. Tel un Indiana Jones ou une Lara Croft, je brandirai mes armes, la bêche et le râteau. J’écrirai mon livre, qui se vendra comme des bottes de coriandre pendant un mois de Ramadan. Je serai invité partout, dans les conférences, les séminaires, chez Ruquier. Je deviendrai une référence, cité dans les journaux, descendrai dans les plus beaux hôtels et gouterai aux meilleurs plats, préparés par des chefs prestigieux. Je ne ferai plus attention à ma ligne, car j’aurais un coach personnel.

Mais n’ayant ni bêche ni râteau et mon seul potager se résumant à un pot de lierre poussif, je ferai comme font les scientifiques dans les films d’aventure, pris pour des pommes au début de l’histoire et croulant sous les honneurs à la fin : j’irai dans une bibliothèque avant de livrer bataille. Comme il fait trop chaud pour sortir, je me rabats sur le Petit Robert de ma bibliothèque à moi. Il me livrera, qui sait, le secret du légume primitif. Mais non, je ne trouve rien de ce que je recherche. Même pas l’ombre d’une pousse d’épinard préhistorique.

Mais rien n’est jamais perdu ! Au détour d’un livre de cuisine, je découvre que les Italiens mangent souvent des pâtes avec des légumes. Une bonne nouvelle pour les 22 900 chômeurs de plus du mois de mai, qui vont pouvoir dire adieu à la viande et réaliser ainsi des économies.

Tomates, aubergines et brocolis ne sont pas seuls à se marier avec les pâtes. Artichauts, épinards, chou-fleur, chou-vert, poivrons, courgettes, poireaux, fenouil, pommes de terre peuvent avantageusement et goûteusement remplacer l’entrecôte et le poulet rôti. On ne dira jamais assez tout ce qu’on doit à la farine et à l’eau, base légendaire de la pasta. Spaghettis ou tout autre variété d’une part, légumes bien préparés de l’autre, font un délicieux plat de fin de mois et même à partir du 10. Cela vous mettra du baume au cœur, comme si vous receviez un énorme câlin d’une mama italienne.

Tiens, en parlant d’amour, l’hôtel Crillon a engagé il y a un peu plus de six mois, Christophe Hache, un chef de 28 ans. C’est un amoureux des légumes. Ce joaillier de la cuisine traite les plantes comestibles comme des pierres précieuses. Ça vaudrait la peine de le rencontrer. Il pourrait m’apprendre quelques-unes de ses recettes fétiches : son fondant d’aubergine ou son étuvée de chou primeur, par exemple. J’en salive.

Dommage, petit je ne saisissais pas tout le sens gustatif de ce genre d’énoncé. Sinon, je n’aurais pas boudé devant un velouté de cardons aux navets, ni fait une crise en voyant arriver sur la table familiale un fenouil fondant et ses carottes en tagliatelles. Si j’avais un peu mieux compris l’apport de la botanique potagère en cuisine, j’aurais répondu à l’appel d’une théière de bouillon de légumes parfumé au basilic.

Il faut qu’on inculque la beauté des mots aux enfants dès qu’ils détournent leurs lèvres du sein maternel. Mais il faut aussi que les parents y mettent les formes : « Viens manger ta purée ! » deviendrait : « Viens déguster ta purée crémeuse ». Bébé ne recracherait plus, je vous le dis. Comment ? Vous avez essayé ? Et ça ne marche pas ? Vous ne savez pas vous y prendre.

Je ne pouvais pas terminer ce billet sans évoquer les Bleus. Eux aussi devraient apprendre la beauté des mots à défaut de la beauté des gestes. A la question d’un journaliste : « William Gallas, comment va-t-il ? », Raymond Domenech a répondu : « Apparemment, il va bien, il a mangé des asperges… » Il aurait dû leur ajouter des pâtes. Et ne venez pas me dire que les pâtes n’ont pas réussi aux joueurs italiens. Ça se saurait.

Malik Youssef

Le coin recette : Gratin de macaroni au fromage et au chou-fleur.

Chorba Boy décline toute responsabilité si vous vous plantez dans la recette.

Les ingrédients : (6 personnes) ½ tête ou 1 mini chou-fleur, 200g de cheddar, 100g de parmesan, une botte de persil plat frais, sel, poivre, 400g de macaroni, 200g de crème fraiche ou liquide entière.

La préparation : Retirez les feuilles vertes extérieur du chou-fleur et jetez-les. Coupez l’extrémité de la tige du chou-fleur. Coupez la tête en petite fleurette. Râpez le cheddar et le parmesan dans une grande casserole. Hachez finement les tiges de persil et les feuilles. 

Préchauffez le grill de votre four. Portez une grande casserole d’eau salée à ébullition. Ajoutez les macaronis et tout le chou-fleur et faites les cuire en suivant les instructions du paquet.Posez la casserole de fromage sur un feu doux et ajoutez la crème. Remuez délicatement de temps en temps, jusqu’à ce que le fromage devienne lisse et fondant. Ajoutez le persil haché dans le fromage fondu et une pincée de sel et de poivre. Remuez à nouveau. Retirez du feu.

Egouttez les pâtes et gardez un peu d’eau de cuisson. Prendre un plat à gratiner. Versez dedans le fromage fondu. Ajoutez les pâtes et le chou-fleur. Remuez délicatement. Ça doit être crémeux et lisse. Si il est trop épais, ajoutez un peu d’eau de cuisson pour le détendre un peu.Glissez les macaroni dans le four, sous le grill jusqu’à ce qu’ils grésillent et qu’ils dorent.

Servir avec une bonne salade verte.

Bon appétit !

Recette tirée du livre « Tout le monde peut cuisiner. Jamie Oliver » (Hachette Pratique).

Malik Youssef

Articles liés