Il faut rentrer chez les gens pour mieux sortir du « fantasme » dans le lequel on enferme les banlieues ! Les quartiers populaires sont perçus comme un tout uniforme, homogène. Le photographe Frédéric Achdou, ancien architecte, casse les clichés. Il travaille sur cette question de l’image, mais aussi de la mémoire des habitants,  pour restaurer à la fois l’estime de soi et la fierté de vivre dans son quartier.

C’est un exercice difficile qui exige la construction d’une relation de confiance et des subtilités d’approche. L’image, renvoyée par les médias et entretenue dans les discours, ne correspond pas à ce que bon nombre d’habitants vivent et ressentent de l’intérieur. Pour la majorité, leur image ou celle de leur quartier ne correspond pas à la réalité. Depuis quelques années, les médias occupent une position centrale dans l’espace public et formatent les opinions. Ce sont les journalistes, les hommes politiques et les sociologues qui occupent ce terrain, pour tenter de dire ce que sont ces quartiers. Les habitants se sentent mis à l’écart, loin du tempo médiatique. On parle d’eux sans cesse, ils sont absent des débats. Le travail de Frédéric Achdou permet aux habitants de mettre en valeur leur image, de produire une vision de « l’intérieur ». C’est le début d’une reconnaissance de soi, pour aller vers l’autre. Cette exposition, inaugurée dans le cadre des journées d’échanges de la rénovation urbaine, est un bol d’oxygène dans une atmosphère politique contemporaine saturée par des pics de pollution populiste.

Nordine Nabili

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