27 octobre 2005, une date qui restera gravée dans les mémoires des familles Benna et Traoré. Ce jour où les deux jeunes défunts, Zyed Benna et Bouna Traoré  ont été retrouvés morts électrocutés dans un transformateur électrique EDF à Clichy-sous-Bois. Les adolescents s’y étaient réfugiés après une course-poursuite, selon le rapport officiel. A cette époque, les quartiers populaires d’une grande partie de la France avaient répliqué à cet évènement par ce qui a été appelé « les émeutes urbaines de 2005 ». Trois semaines durant, les cités s’embrasaient.

Le procès de Zyed et Bouna est vu comme une sorte d’espoir dans ces quartiers populaires.  La lutte contre le contrôle au faciès et les bavures policières sont l’une des préoccupations des habitants de ces quartiers. Ils aimeraient replacer leur confiance en la justice à travers ce procès. Les deux policiers, présumés coupables, avaient bénéficié d’un non-lieu en avril 2011. Les familles des victimes ont fait appel de cette décision.

31 octobre 2012, 13 heures 45, entrée de la Cour de cassation. De nombreux objectifs sont braqués sur Siyakha Traoré, le frère de Bouna. Tout le monde attend patiemment le gong de 14 heures. Les minutes sont longues, le calme est pesant. Deux minutes suffisent à énoncer l’annulation du non-lieu antérieurement accordé en faveur des deux policiers. Soulagement traduit par des embrassades des proches des victimes. « C’est une décision très forte, qui fait honneur à la Cour de cassation » se réjouissent les avocats de la défense. « Zyed et Bouna sont vraiment considérés comme des victimes, ils ne sont pas morts pour rien » ajoutent-ils. L’affaire est renvoyée à la chambre d’instruction de la Cour d’appel de Rennes. « Soulagé et satisfait », Siyakha Traoré remercie les collectifs et associations, ses avocats et la justice française.

« Il ne faut pas se laisser faire, il faut montrer qu’on est capables de réfléchir », tels sont les mots d’ordre de Franco, porte-parole du Collectif contre le contrôle au faciès et membre de la brigade anti-négrophobie. Selon Samir Mihi, président de l’association Au-delà des mots, l’annulation du non-lieu est également l’aboutissement d’un travail de longue haleine de la police et de la justice. « Le non-lieu n’avait pas lieu d’être » affirme-t-il. A côté, Sikhaya Traoré prend dans ses bras l’avocat des victimes, Maître Mignard.

Rajae Belamhawal et Imane Youssfi

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