Alors que la surpopulation carcérale atteint des niveaux record (126,2 %), le Premier ministre, Michel Barnier, plaide pour la création de nouvelles peines de prison « courtes et immédiatement exécutées ». Les chiffres prouvent pourtant que le tout carcéral est un échec : 63 % des personnes condamnées à une peine « ferme » sont réincarcérées dans les cinq ans qui suivent leur libération.
Organisées chaque année depuis 1991, les Journées nationales prison (JNP) visent à sensibiliser les citoyens aux questions carcérales pour peser dans les débats politiques. Cette année, les représentants d’associations nationales et des aumôneries de prison ont décidé de mettre la lumière sur les familles de détenus. « En condamnant une personne, c’est tous ses proches que l’on condamne », soutient Nicolas Martel, chargé de mission à la Fédération des Associations Réflexion-Action, Prison Et Justice (Farapej).
Durant une semaine, une cinquantaine d’évènements vont être organisés sur le territoire national (rencontres, ciné-débat, pièces de théâtre ou lectures publiques) pour faire connaître ces enjeux au grand public et convaincre de nouveaux bénévoles de s’engager dans cette cause. La Farapej espère aussi, de façon très indirecte, quelques changements politiques.
Les familles souffrent doublement parce qu’elles ont la vie à gérer à l’extérieur, mais l’esprit enfermé à l’intérieur
« Les familles souffrent doublement parce qu’elles ont la vie à gérer à l’extérieur, mais l’esprit enfermé à l’intérieur. » Les mêmes mots reviennent inlassablement dans la bouche des familles de détenus. Méconnaissance des rouages de l’administration pénitentiaire, difficulté d’accès aux parloirs, dématérialisation des prises de rendez-vous, gestion du linge, envoi de mandats, détresse émotionnelle… Elles deviennent bien souvent les victimes collatérales de l’incarcération de leur proche.
Une aberration quand on sait à quel point le maintien des liens familiaux est primordiale dans le processus de réinsertion. « Garder un lien avec son entourage pendant la détention permet d’éviter la récidive. À la sortie, la famille peut ainsi accompagner la personne dans ses démarches administratives, sa recherche d’emploi ou de logement, sa demande de RSA, etc. Être entouré à la sortie permet de prendre un meilleur nouveau départ », assure Diane Clemence Barrero, CPIP au Centre-pénitentiaire d’Aix-Luynes.
Parce que les familles sont les dommages collatéraux de l’incarcération, mais aussi un des rouages essentiel du processus de réinsertion, le Bondy Blog a choisi de donner à voir celles et ceux qui s’engagent pour maintenir le lien entre l’intérieur et l’extérieur.
Série. Prison : le calvaire des familles
Épisode 1. Accueil familles Pergaud, un lieu refuge pour les proches de détenus
Épisode 2. Diouldé Niaré, son combat contre l’isolement des détenus et de leurs proches
Épisode 3. Les nourrissons accueillis en détention agitent l’administration pénitentiaire
Épisode 4. Contre la solitude et l’abandon, des visiteurs de prison bénévoles