Quand un Suisse « monte » à Paris, il prend le TGV. Et le TGV lui fait le plaisir de traverser les banlieues à toute vitesse et de ronronner comme un avion. Quand un Suisse arrive à Paris, il prend le métro. Et le métro lui offre de jolies Parisiennes habillées dernier cri et des arrêts aux noms familiers (Bastille, Louvre). Mais là, pour aller à Bondy, on prend le RER.

Je « monte » à Paris quatre fois par an, je n’avais cependant jamais pris le RER. Et pourtant c’est ça Paris. Là, les arrêts ont des noms impossibles, composés et faussement fleuris. Là, on a le temps de voir passer les tours fatiguées et de lire les graffitis brouillons. Là, on passe « What a beautiful world » de Louis Armstrong dans les gares pour calmer les passants. Beautiful n’est pourtant pas le mot, car à Noisy-le-Sec, Rosny-sous-Bois ou Val-de-Fontenay, on a pris moins de soin à rafraîchir stations et wagons qu’à Bastille ou au Louvre.

Et je comprends enfin pourquoi on change de journaliste chaque semaines au Bondy Blog. Malgré la perte de temps et de contacts. C’est pour ce regard neuf, naïf. Le regard de celui qui n’a jamais pris le RER.

Toujours est-il qu’en arrivant à Bondy, tout ce mystère se dégonfle un peu: ça ressemble plutôt à Moillesulaz, le dernier arrêt du tram 12… à Genève. Il faut dire qu’à Moillesulaz non plus on n’y va pas très souvent. Alors, quand la sympathique journaliste parisienne du « Monde », venu observer le Bondy Blog, nous dit qu’elle n’est venu ici que trois fois auparavant, je ne m’étonne pas.

 

 

 

 

 

 

Par Paul Ackermann

Paul Ackermann

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