Elle s’appelle Fatemeh Kossari, elle a 15 ans. Atteinte d’une grave maladie de peau, une épidermolyse bulleuse, depuis sa naissance, en Iran, elle a quitté son pays natal blottie dans les bras de sa mère pour venir être soignée en Europe.

C’est sur son lit d’hôpital qu’on l’aperçoit. Assise, le regard dévasté. Fatemeh Kossari, jeune Iranienne de quinze ans, est atteinte d’épidermolyse bulleuse, une affection dermatologique rare dont l’un des symptômes est la perte de la peau, par lambeaux.

Sa mère, Zinat, 47 ans, fait les cent pas à ses côtés, raconte le calvaire qu’elles ont enduré. Elles ont quitté l’Iran, sont passées par l’Italie pour venir, le 29 mai, faire une halte à Lille (59), dans le Nord de la France. Le but ultime étant de rejoindre Londres, « afin d’être soigné au mieux« . « Il y a un centre spécialisé là-bas« , murmure-t-elle, persuadée que « ce qu’on lui a dit avant de partir est certainement vrai« . « J’ai tenté le tout pour le tout. Laissant mes deux autres filles, âgées de 24 et 28 ans, derrière moi, j’ai pris ma petite et j’ai disparu » poursuit-t-elle.

Meurtrie, cernée, désemparée, une lueur d’espoir réapparaît malgré tout sur son visage à l’idée que l’on puisse soulager sa « Fatemeh djoon« , sa petite « chérie« . Que cet article puisse être un appel aux autorités afin de délivrer sa douce de la souffrance. Souffrance. Le mot est un euphémisme. Des bandages du torse aux pieds, la fillette se gratte, les cheveux hirsutes, trempés à cause de la fièvre qui semble augmenter. Ses mains n’en sont plus, ses pieds non plus. Les doigts et les orteils ont fusionné.

« Cette horreur qui n’en finit pas »

Taciturne, Fatemeh étouffe sa tristesse. Elle écoute, acquiesce lorsque l’on évoque le fait d’exposer son cas. Un léger sourire se dessine par moments sur son visage, puis retombe aussitôt. Sa mère, au pied du lit, implore « Khoda« , mot persan couramment utilisé pour désigner un Dieu universel. Retenant ses larmes, elle remercie mille fois ce dernier de pouvoir expliquer son histoire. « Cette horreur qui n’en finit pas« . « On se demande, face à cette situation, qu’est-ce qu’on a bien pu faire pour avoir à endurer autant » glisse-t-elle, la voix tremblotante.

En attendant, les meilleurs soins sont prodigués à Fatemeh. On passe la voir, le personnel, souriant, échange avec elle, occultant le fait qu’elle ne parle pas le français. Lorsqu’il s’agit de la santé, les gestes suffisent. Sa température ne cessant de grimper, il va falloir faire une prise de sang. On se demande à cet instant même comment planter une aiguille dans ce corps si fragile… Un corps qui a traversé des frontières, caché sous des pneus de camion puis dans un réfrigérateur. Un corps qui mérite les meilleures attentions.

Contactée par le Bondy Blog, la Préfecture n’a donné aucune suite. Et du côté de la mairie, Martine Aubry assure que le CHRU de Lille, dont elle est la Présidente du Conseil de surveillance, « mène et mènera parfaitement sa mission de soins« . Le cabinet de la mairie confirme enfin qu’à la demande de la famille, celle-ci sera bien évidemment reçue.

Pegah Hosseini

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