En 2009, il s’est vendu plus de 2,2 millions d’automobiles en France. Et depuis avril 2009, les acheteurs doivent utiliser le nouveau système de numérotation sur les plaques d’immatriculation. La différence avec l’ancien ? La nouvelle plaque suit la voiture toute sa vie et dans son coin droit, prennent place le numéro de département et le logo qui lui est propre. Pas forcément celui où l’on vit, mais celui de notre choix, peu importe lequel. C’est ainsi que, comme  l’indique un garagiste francilien, « beaucoup de jeunes conducteurs jouent avec cela et veulent mettre le département 69 sur leur plaque ».

En vacances, qui ne s’est pas approché d’un conducteur immatriculé dans le même département que le sien ? Comme pour signifier « on est pareil, on est comme toi ! ». Et quand une voiture passe devant nous, nous avons tous le même réflexe. On baisse rapidement les yeux pour regarder la plaque et voir si l’on vient du même endroit, si sa plaque est de chez nous.

Céline, ayant récemment vu sa famille s’élargir, veut faire l’acquisition d’une nouvelle voiture. Une Renault, une Citroën, une Peugeot ? Le choix est vite fait, une petite berline française. Après avoir choisi la voiture, elle a dû choisir la couleur. Blanche ? Non, ça se salit trop vite. Noire ? Non, ça fait trop gangster. Rouge ? D’après les statistiques, il paraît que les voitures rouges ont plus d’accidents que les autres. Finalement elle opte pour le gris, c’est ni trop clair, ni trop foncé. Elle a enfin dû faire face à ce choix crucial, quel département mettre sur sa plaque ? La première pensée qui lui a traversé l’esprit était Paris, « le 75 ça fait chic quand même, ça fait plus riche que le 93 ». Mais après une longue et difficile réflexion, le choix est sûr pour elle, ça sera le 75.

Cependant, son mari est intervenu dans la réflexion. Céline ayant choisi la marque, la cylindrée, le budget et la couleur, son mari ne pouvait laisser échapper le reste.  Il prend une décision à laquelle Céline ne s’attendait pas. « Ce sera le département 84 ! »« J’ai de la famille dans le Vaucluse », et choisir cette plaque c’est comme dire à sa femme : « Comme ça si on déménage en face de chez ma mère on aura déjà la plaque sur la voiture ! ».  Les détails les plus insignifiants peuvent être utilisé, que ce soit le lieu d’habitation de la belle-famille, le lieu de naissance, là où l’on passe ses vacances ou même une position du kamasutra, tout y passe.

Au Peugeot de Bondy, le directeur nous indique rapidement entre deux coups de téléphone que « 90% des clients continuent de prendre les plaques de leur département ». Les gens sont encore fiers de venir du 93 et de banlieue. En marchant encore 200 mètres sur la bonne vielle RN3, on peut voir que des plaques de plus en plus diverses font leur apparition. Arrivés chez Mercedes, l’accueil est très chaleureux. On nous précise « que la majorité des gens continue de choisir le numéro du département dans lequel ils vivent ».

Mais la responsable de ce concessionaire ajoute que le phénomène des plaques immatriculées dans des départements fantaisie. « On a de plus en plus de plaques corses, sans doute pour éviter de se faire traiter de Parigot ou de se faire klaxonner une fois là-bas. On a aussi des personnes qui prennent les départements d’outre-mer, pour montrer leur proximité avec leur culture. » Elle s’attarde cependant sur le fait que les plaques un peu comiques, telles que le département 69 que l’on met « juste pour rire » ne font pas partie du quotidien chez Mercedes, sûrement parce qu’« ils sont trop coincés ici », glissera-t-elle.

Saïd Benarroudj et Amine Benmouhoub

Articles liés

  • Langue(s) et origine(s) : « Une fausse Algérienne? »

    Pourquoi en France un certain nombre de parents n'ont pas ou peu transmis leur langue maternelle à leurs enfants ? Pour tenter de répondre à cette question, nos blogueuses et nos blogueurs explorent leur histoire familiale. Zoé nous parle, ici, de son rapport à l’arabe.

    Par zoe rehahla
    Le 19/09/2023
  • Racisme et santé mentale : un tabou difficile à briser

    Si les discriminations raciales sont largement documentées, leurs effets sur le psychisme restent méconnus. Selma Sardouk, spécialiste en thérapie décoloniale, apporte un éclairage croisé avec l’expérience de Randy, afrodescendant et étudiant en économie.

    Par Naima Dieunou
    Le 12/09/2023
  • À Briançon, un refuge pour exilés contraint de fermer ses portes

    La Montagne frontière 2/2. Dépassé par le nombre d’arrivants et sans aides des pouvoirs publics, ce refuge a baissé le rideau, fin août. Dans cette ville des Hautes-Alpes, les Terrasses solidaires tiennent pourtant un rôle indispensable. Des centaines de personnes trouvent un peu de repos et un accès au soin après un chemin d’exil éprouvant et parfois mortel.

    Par Névil Gagnepain
    Le 10/09/2023