Rentrée 2009, les banlieues s’invitent sur France 5. Avec « Teum Teum », son nouveau programme mensuel, la chaîne entend bien montrer que « la télévision est capable de s’intéresser aux quartiers, et pas seulement lorsqu’il y a des problèmes ». Mieux, l’émission affiche son « ambition de tisser du lien social ». Une démarche (trop) rare, qui donne un coup de neuf à nos écrans.

Mais le concept va plus loin. Chaque émission est l’occasion pour une célébrité de découvrir « cette contrée toute proche et pourtant méconnue : la banlieue ». Bref, un « Rendez-vous en terre inconnue » sauce urbaine. Une aventure hors du commun, dans laquelle un people se rend… de l’autre côté du périph’ ! Waouh. Mais attention, nous prévient le site de l’émission, si « Teum Teum » invite des personnalités à se rendre en banlieue, ce n’est « pas pour voir des indigènes de Bagdad ou des singes dans un zoo », mais bien pour rencontrer des personnes. C’est noté.

Premier invité de la saison, Stéphane Guillon. Direction les 4000 à La Courneuve (93). S’il avoue, à demi-mot, faire son baptême du feu dans une « zone urbaine sensible », l’humoriste rappelle qu’il a lui aussi grandi en banlieue. « A Neuilly-sur-Seine. Mais je m’en suis sorti. » A l’aise et grinçant, comme à son habitude. Samedi dernier, c’est Olivia Ruiz qui s’est prêtée au jeu. Escale d’une journée à la cité Balzac, à Vitry-sur-Seine (94). Et, contre toute attente, la femme chocolat ne s’est pas fait manger.

Accompagnée du présentateur Juan Massenya, animateur sur Radio Nova et Générations, la chanteuse a fait des rencontres. Du voyou repenti « Gros yeux », à l’équipe championne de France de Double Dutch, en passant par Papou, créateur de la marque de vêtements African Armure… « Teum Teum » souhaite dresser un autre panorama des cités, « sans angélisme ni stigmatisation ».

Une démarche qui pose la question du traitement médiatique des banlieues. Quelle place pour les quartiers dans les médias généralistes ? Le sujet n’a-t-il droit de cité que dans les programmes labélisés « banlieue » ? Sans y répondre, l’émission a le mérite de proposer d’aborder certains problèmes, sans oublier de tendre le micro à ceux qui font bouger les choses. De proposer un autre regard. Et ça, c’est nouveau dans l’univers cathodique.

Le point fort de Teum Teum ? Une esthétique urbaine, une bande-originale terrible, une présentation punchy. Bref, une réalisation très réussie. Un programme estampillé « cultures urbaines », qui joue avec les clichés. Des peoples qui parlent banlieue, des banlieusards qui pensent entrepreneuriat. Confrontation d’individus, qui ne sont pas forcément là où on les attend. Laissons donc à Teum Teum le temps de s’installer durablement dans le paysage audiovisuel. Prochain rendez-vous : Geneviève de Fontenay à Vénissieux (69) !

Aurélia Blanc

Aurélia Blanc

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