Quasiment tous les Chinois possèdent chez eux une éphéméride où tous les jours on déchire la date de la veille. Et comme chaque année, à la période du Nouvel An chinois, les feuilles sont rouges avec de jolis dessins. Sur ce fameux calendrier qui commence le premier janvier et se termine le 31 décembre, je ne sais lire que la date du jour qui est inscrite en très gros et qui correspond à notre calendrier grégorien. En plus petit et en chinois, ce sont toutes les informations sur le calendrier lunisolaire.

Tout comme le musulman, le calendrier chinois est lunaire, mais cependant calé sur le calendrier grégorien. Ainsi, les années peuvent durer 12 ou 13 mois : raison pour laquelle le Nouvel An chinois tombe entre le 21 janvier et le 20 février. Il aurait été plus simple pour moi de vous résumer la page qui y est consacré sur Wikipédia, mais finalement je vais vous raconter comment je vis cet évènement de chez moi !

Lors du réveillon, tous les membres de la famille se doivent d’être présents pour manger un véritable festin. A titre de comparaison, cela ressemble beaucoup plus au repas de Noël qu’à la débauche de la Saint-Sylvestre. Avant le repas, la tradition veut que l’on expose toute la nourriture sur une table que l’on oriente vers l’extérieur via la porte-fenêtre. Mais attention, pas de bœuf ! Autrefois il était de la plus grande utilité dans les champs ; du coup pas question de manger celui qui a tant rendu service. Par contre, on allume deux bougies rouges, accompagnées d’un récipient de riz pour y planter les cierges : tous les membres de la famille devront se débrouiller dans la journée pour faire une prière avant le repas.

Ce sont pour les ancêtres que nous partageons ce repas et que nous prions : agenouillés derrière la table, face à la fenêtre et trois cierges à la main. Surtout, que personne ne passe dans la rue pendant que quelqu’un prie, sinon ça coupe la communication ! Et quand je demande à ma mère ce qu’il faut prier, elle m’explique : « C’est pour les personnes âgées, il faut leur souhaiter la santé, pour les personnes actives d’être prospère dans leurs affaires, et pour les jeunes qu’ils réussissent au mieux leurs études. » Bien entendu, des vœux personnels pour les proches, ça fonctionne aussi. Par exemple, elle a souhaité pour moi que je trouve un véritable métier ! Une fois la prière terminée, on peut aller planter ses trois cierges dans le riz et laisser la place à quelqu’un d’autre.

Puis vient le repas et ensuite le moment que j’adorais quand j’étais petit, et que j’apprécie encore beaucoup aujourd’hui – mais pas pour les mêmes raisons –, le moment des petites enveloppes rouges ! On n’attend pas minuit comme à Noël mais juste la fin du repas où les adultes donnent aux enfants une petite enveloppe rouge porte-bonheur contenant de l’argent. Somme symbolique ou pas, la superstition veut que ceux qui donnent beaucoup aient une année prospère en retour. Dans les jours suivants, les neveux, les petits-cousins, les petits-fils devront rendre visite aux généreux donateurs.. Dans la pure tradition, il faut commencer par la famille du coté paternel, mais comme me l’a dit mon papa, aujourd’hui ça se fait même par texto !

Voici quelques informations-clés fournies par mes parents qui permettent de mieux comprendre cet évènement :

– Le nouvel an est l’occasion pour tous de grandir d’un an. Pour les Chinois, lors de la naissance, nous avons donc d’office un an ! Ensuite, à chaque nouvelle année, on prend un an ! Ainsi, un gamin qui naît en décembre, en l’équivalent de deux, aura déjà deux ans chinois !

– J’ai pas très bien saisis la légende, mais le rouge est une couleur dont un certain monstre avait peur : c’est donc pour ça que le rouge est la couleur des Chinois. Les pétards aussi sont censés faire peur au monstre.

– L’espèce de petite stèle qui se trouve à l’entrée de la maison, avec deux fausses bougies et de faux cierges électriques a pour fonction de préserver la maison contre les mauvais esprits. Beaucoup d’Asiatiques en possèdent chez eux. Et pendant le Nouvel An, la stèle part au ciel faire un rapport de ce qui ne va pas en bas. C’est pour cela qu’il ne faut pas faire le ménage pendant les premiers jours du nouvel an ; pour ne pas mettre à la poubelle de bonnes ondes – enfin, si j’ai bien compris.

– Toujours dans la pure tradition chinoise, on ne peut faire des courses que quatre jours après le début du Nouvel An. Mais selon maman, avec la société d’aujourd’hui, les pures traditions ont du mal à résister.

Voilà une petite fenêtre sur la culture chinoise, vue de chez moi. Merci à mes parents d’avoir répondu à mes questions. Et si des spécialistes de la Chine voient des énormités dans mes écrits, eh bien tant pis !

Papa, Maman : xīn nián hǎo (bonne année !)

Chou Sin

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