Le désintérêt autour de l’élection européenne du 7 juin est le résultat d’un manque de pédagogie et de courage. Ce qui se passe aujourd’hui autour de cette élection est tout simplement affligeant. A trois semaines du vote, c’est le calme plat, pas d’idées, pas de débats, pas de mouvement. Par contre, toutes les écuries préparent leurs chevaux pour la prochaine présidentielle de 2012 ! Il n’y a que cela qui les préoccupe.

Je suis convaincu de la nécessité de l’Europe, dans un monde engagé dans plusieurs mutations : démographique, culturelle, économique et technologique. Notre prisme franco-français est dépassé, caduc, passéiste. L’Europe n’est pas une chance, c’est une nécessité, un passage obligé pour garantir le développement de notre pays et son rayonnement dans le monde. Hélas, ce postulat n’est porté par aucune formation politique. Tout se passe comme si nous avancions avec le frein à main dans cette construction européenne. Les partis politiques n’envisagent pas l’Europe comme un grand projet politique où doivent s’inscrire notre vision du monde, nos idéaux, notre avenir et celui des générations futures. Ils perçoivent ce « bidule » comme un tiroir-caisse pour garantir un revenu à certains cadres ou bien comme un placard doré pour éloigner les trouble-fête.

Les pères fondateurs ont mouillé leur chemise, à la sortie de la guerre, pour ne jamais laisser ce continent sombrer à nouveau dans le désastre des conflits armés. Leurs enfants, nos cadres politiques d’aujourd’hui biberonnés pendant la croissance des trente glorieuses, n’ont pas pris le relais, trop occupés à « gérer » leur petite carrière nationale. Leurs petits enfants, la génération des programmes Erasmus, prend conscience, peu à peu, de l’exigence de mobilité indispensable dans un monde en perpétuel mouvement.

L’Europe appartiendra aux citoyens qui la désirent, qui y croient et qui la construisent. La jeunesse française devrait s’approprier ce projet et en faire une affaire de génération. Pour cela, il faudrait s’engager sérieusement dans une logique pédagogique et extraire le débat sur l’Europe de l’étau du pathos et de l’hystérie collective. Le chemin sera long, mais le jeu en vaut la chandelle.

Nordine Nabili

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