JOURNÉE DES DROITS DES MEUFS. La journée du 8 mars. 24 heures d’hommages et de courbettes en direction du sexe faible. Foutaises et hypocrises. La preuve par huit.

 « En France, une légende veut que l’origine du 8 mars remonte à une manifestation d’ouvrières américaines du textile en 1857, événement qui n’a en réalité jamais eu lieu (aucun journal américain ne le relatant).Ce mythe est né en 1955 dans L’Humanité qui relate une manifestation de couturières new-yorkaises. ». Nous sommes d’accord. La journée de la femme, célébrée allègrement en France par une foule en liesse hystérique et incontrôlable, comme tout le monde le sait, est donc née de la volonté de quelques new-yorkaises qui devaient sans doute en avoir marre de fabriquer de belles pièces et de ne pas pouvoir les porter. Mais elle est surtout née d’un mythe. A mes yeux, cette date prend tout son sens, « Sex and the City » prend tout son sens, ma vie entière prend tout son sens.

Aaah, année 1955. Quelle grand crue, entre la naissance de Sarko, la mort de James Dean et les quelques gouttes de Chanel numéro 5 devenue mythique et portée nue par une Marylin au paroxysme de son oxydation capillaire, of course. Donc, la journée du 8 mars est la journée mondiale de la femme. Attendons nous alors à un petit rappel au JT de 13h, servi par un Jean-Pierre au top de sa forme, info calée entre la non moins célèbre course camarguaise de la région du Languedoc-Roussillon et, grosse exclu, du « week-end classé rouge par Bison Futé en raison des vacances scolaires », tout ça  agrémenté d’un petit rictus coquin (qu’il est taquin ce JP). Attendons nous également à une floraison d’articles drôles et moins drôles dans la presse féminine qui nous rappellera que, oh (rire cristallin), c’est notre journée mesdames.

Sans oublier celles dans la presse masculine (la parité, les mecs, la parité) qui diront que « messieurs, n’oubliez pas le 8 mars et le combo ‘réveil ami ricoré-rose de chez l’indou de gare du nord-petit bisous dans le cou », et les encarts pub que l’annonceur Interflora aura payé une tonne pour « le dire avec des fleurs ». Attendons nous aussi aux féministes d’humeur guerrière, « La Barbe », les « Chiennes de gardes », les « Ni putes, ni soumises », les « Femen » qui clameront haut et fort que le combat est hebdomadaire et qu’attribuer une « journée de la femme » est déjà un acte machiste ! (lire cette phrase topless, le point levé et les sourcils froncées pour y donner plus de sens).

Attendons nous surtout à voir affluer des PP (photo de profil pour les néophytes, on est iOS 6.1.2 où on l’est pas) sur les réseaux sociaux de grandes figures féminines tels que Xena la Guerrière, Simone de Beauvoir, Elisabeth Badinter, Beyoncé où encore Nabilla des «  Anges de la téléréalité », icônes intergénérationnelles qui imageront cette journée si particulière. M’enfin, grand bien nous fasse, j’ai décidé de donner un autre sens à cette journée, comme à ma vie d’ailleurs. Fêter les meufs, c’est bien, mais fêter les meufs autrement, c’est mieux.  Retour sur quelque faits d’actualité qui illustreront l’aberration de fêter les femmes en ce huit mars, en huit point et à huit clos. Juste vous et moi. En toute intimité.

1- On va commencer simplement. Pourquoi il n’y a pas la journée de l’Homme ?

2-  Toujours selon notre source Wiki , Clara Zetkin, figure féministe allemande à jupes bouffante du XXe siècle, aurait souhaité contrecarrer l’influence des « féministes de la bourgeoisie » sur les femmes du peuple. C’est noble. Un siècle plus tard, dans l’édition  du Vogue de Décembre 2012/Janvier 2013, une Carla Bruni au top du Photoshop  lâchait laconiquement : « Dans ma génération, on n’a pas besoin d’être féministe. Il y a des pionnières qui ont ouvert la brèche. Je ne suis pas du tout militante féministe. En revanche, je suis bourgeoise ». Voilà qui est dit. Où comment Carla a bousillée le travail de toute une vie de la pauvre Clara qui,  j’en suis sûre, s’en retourne dans sa tombe. Carla donne le ton, elle qui justement a influencé les femmes d’un peuple (pas toutes hein) durant pas loin d’un mandat présidentiel. Merci Carla. Grâce à toi, les propos de Clara sonnent comme une prophétie et comme elle, tes injonctions resterons dans les annales de l’histoire, toi qui t’étonnait le 8 mars 2012, jour pour jour, de « la mauvaise foi et les mensonges de la presse ». Tu t’en remettras, j’en suis persuadée.

3- Y’a pas moyen d’élire une Pape femme ? Genre Anna Wintour, ou Carine Roitfield, papesse de la mode. Non ? Bon.

4- Parce qu’ on revendiquera l’égalité quand, dans un pays comme le nôtre dont les valeurs de la République sont représentées par notre cher Marianne (pas Faithfull, hein), symbole d’une France plus si forte (hein Nico), les femmes arrêteront de se faire siffler à l’Assemblée Nationale parce qu’elles portent une robe (hein Cécile). C’est un peu archaïque tout ça, faut tout reprendre à zéro les mecs. On avait pourtant dit que le changement, c’est maintenant, vous vous souvenez ? Alors on ne siffle pas les filles qui mettent des robes à l’Assemblée, d’ailleurs on ne siffle pas les filles tout court. Qu’est-ce que ce sera la prochaine fois ? vous soulèverez les jupons de Madame Taubira en pouffant de rire, comme à la récré ?

5- Quand les médias arrêteront de porter en étendard ces filles issues de la télé réalité. Parce que placer au presque commande d’une émission Ayem, bimbo issue de la « trash tv »,qui ne doit son mérite qu’au fait (entre autres) d’avoir déclaré dans la presse avoir couché avec Chris Brown (le mec qui a boxé sa meuf Rihanna), pour ensuite se rétracter, c’est moche. Ça fait désordre. Bon, oui, c’est vrai, chroniquer une émission NRJ 12 c’est pas non plus la consécration. Mais quand on est habitué à faire la une de «OOps », « Public » et compagnie, ça revient à grimper l’échelle sociale. Un peu.

6- Quand la presse ne se déchaînera plus lorsqu’une femme prendra ses fonctions à un poste important. Aux Etats-Unis, ils ont Oprah, Michelle, Beyonce, Katherine Bigelow, Condozeela, Helene de Generes, Hillary et compagnie. Et pour eux, ben, il n’y a pas de quoi en faire tout un plat, c’est les States quoi. Nous, quand Christine Lagarde prend ses fonctions au FMI, c’est tout le pays qui est ébranlé, hein DSK (sans mauvais jeux de mot de ma part). La première fois que j’entendis parler d’Anne Lauvergeon, ancienne boss d’Areva, c’était par un prof de finance qui évoquait des étoiles plein les yeux, je cite : « Une grande blonde, magnifique, très classe et très charismatique ». Voilà voilà. Alors quand Nathalie Nougayrède est élue à la tête du « Monde », c’est le branle-bas de combat. Sa nomination fait les gros titres et quasiment tous reprennent le même slogan, telle une messe mystique nommant leur gourou : « Nathalie Nougayrède, première femme à la tête du Monde », où « de grand reporter à directrice du Monde », histoire de bien signifier que c’est un truc de ouf. Et pour ne rien gâcher, on insiste bien sur le fait que la dame a été élue à prés de 80%, histoire de  lui donner une vraie street credibility, et de dire que, non, elle n’a pas volé sa place . Le monde à l’envers, on vous dit.

7- Le mot « férié » vient du latin « feriatus » qui signifie « fêter, chômer ». C’est un devoir de mémoire de fériériser un jour de fête. Absolument. En hommage à nos racines latines (?), mais surtout au cours de Mme. Duvernet, 5ème B.  D’autant plus qu’en Algérie, au Cambodge, Laos, Russie, Burkina Faso, (entre autres), la journée est décrété fériée. Non mais.

8- Parce que cette semaine, deux scandales ont terni l’image de la mode. Et des femmes. Entre la féroce parution  de « Numéro » qui se définit comme « magazine de référence, précurseur et avant-gardiste », intitulé « African Queen »,et présentant en édito Ondria Hardin, une jeune mannequin blanche, maquillée, poudrée à l’extrême, et la mise en ligne d’une collection de bijoux intitulée « Esclave » de Mango, c’est le bordel.

Alors, histoire de bien pousser le scandale, faites comme un humouriste, présentez vos excuses. Moi personnellement, j’ai trop fait la fête. J’ai la gueule de bois.

Hadjila Moualek

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