En décembre 2014, les élèves du lycée Mozart au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis) faisaient un blocus suite au manque de chauffage dans leur lycée. Des problèmes matériels qui ne sont toujours pas résolus malgré les promesses.
Dans les années 1990, l’affaire des marchés publics d’Ile-de-France faisait scandale. Des sociétés en charge de la construction et rénovation de lycées dans la région ont été soupçonnées (et pour certaines condamnées) pour des faits de détournement d’argent public et de corruption. Cet argent aurait été reversé aux partis politiques. A l’époque, 300 à 600 millions de francs auraient été détournés aux frais du contribuable (soit 2 % du montant des contrats). Les entreprises auraient-elles remplacé certains matériaux de qualité par d’autres moins chers ?
Il se trouve que mon lycée a été construit en 1991. Il m’est donc difficile de ne pas voir un lien entre cette affaire de détournement de fonds public et le fait que notre lycée vieillit très vite et très mal. Cet établissement est à peine âgé de vingt-quatre ans.
Des chauffages qui n’ont quasiment jamais fonctionné
M. Grange, professeur d’économie et élu au Conseil d’Administration était présent au moment de la construction du lycée. « Le système de chauffage qui devait faire circuler de l’air chaud en hiver et de l’air froid en été n’a quasiment jamais fonctionné », affirme-t-il. De plus, cinq ou six années après la fin des travaux, il explique que « le système des fenêtres s’est avéré être défectueux ». Les lycéens de notre établissement se plaignaient et dénonçaient ces problèmes, il y a déjà huit ans. Happy, élève en terminale S racontait que son frère âgé de 24 ans « se plaignait déjà des problèmes de chauffage du temps où il était au lycée Mozart ». Plus récemment encore, Mehdi, qui a fini sa scolarité il y a un an et actuellement étudiant à Sciences Po, témoigne que « depuis la seconde, ces problèmes ont toujours été là et que le chauffage n’avait jamais réellement fonctionné correctement ».
Ces problèmes matériels s’aggravent avec le temps dans notre lycée. Le premier problème flagrant concerne le chauffage, la chaudière fonctionne, mais la distribution d’air chaud est déficiente et il y a un problème d’isolation du bâtiment et des fenêtres. Nous avions donc fait un blocus pour dénoncer ces dysfonctionnements.
Après quatre jours de blocus, la vice-présidente du conseil régional d’Ile-De-France nous avait reçu en délégation. Il y avait sept élèves, moi y compris et deux professeurs. Les lycées étant sous l’autorité et le contrôle du conseil régional, elle avait justement promis un diagnostic pour d’éventuels travaux à faire et de venir constater par elle même les problèmes énoncés avant les vacances de février. Finalement, elle n’est jamais venue. Ses conseillers ont prétendu que suite aux attentats de Charlie Hebdo son agenda était trop chargé pour qu’elle puisse honorer sa promesse. Seulement, nous sommes en juin, soit six mois après les attentats du 7 janvier.
« On a l’impression d’être délaissé, ce n’est pas juste »
Le problème d’isolation des fenêtres a finalement été résolu en les clouant, ce qui n’est absolument pas une solution à long terme. Non seulement l’air passe encore, mais il nous est désormais impossible d’ouvrir en prévision de la chaleur qu’il y aura notamment pendant les examens du baccalauréat. Ajouter à cela qu’aucun diagnostic n’a été fait comme il était convenu. Sylvie Diallo, elle aussi professeur d’économie et élue au conseil d’administration affirme qu’ »il n’y a pas eu de diagnostic ni de la soufflerie du chauffage, ni de l’isolation des bâtiments et de l’état des fenêtres ».
Je ne peux qu’être attristé de voir que la situation ne s’est pas arrangée. Mes frères et sœurs devront eux aussi subir ces conditions de travail. Chaque année les problèmes s’aggravent et rien n’est fait pour les résoudre. Quand je demande aux élèves ce qu’ils en pensent, la plupart me répondent « de tout manière, Mozart est un lycée pourri » ou encore « on a l’impression d’être délaissé, c’est pas juste ». Étonnant, peu parmi eux sont prêts à se battre pour que cela change. Pourtant, les élèves doivent se réveiller, prendre conscience de leurs droits et se battre pour que cela s’arrange.
Diven LECUIR

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