La planque c’est un peu comme si Les tontons flingueurs s’étaient associés aux Kool and the Gang pour aller faire le braquo du siècle en Fiat Panda. Et la salle bondée de l’avant-première au cinéma de Rosny2, ce lundi 5 septembre a apprécié ce mélange improbable. Elle n’économise pas ses applaudissements quand apparaissent les protagonistes à la fin du générique. « On veut la suite ! » réclame un fan déjà acquis à la cause du film réalisé par Akim Isker. Visiblement touchée par cet accueil chaleureux, l’équipe qui est avant tout un groupe de potes, une famille presque, répondant au patronyme d’Alakis’, salue son public avec une joie non dissimulée.

Depuis ses débuts, Alakis’ se définit comme un Mouvement Populaire de Banlieue qui a vu le jour à L’île-Saint-Denis (93) et qui propose de nombreuses créations artistiques. Emmené par Jalil Naciri (révélé par la série télévisée PJ et scénariste et producteur sur La planque), ses membres proposent un regard différend, loin des stéréotypes sur la culture et le patrimoine de banlieue que le lexique contemporain qualifie de culture urbaine et qu’eux appellent à la Kis’ ! Cette expression fait référence à une boite de nuit qui s’appelait le « KISS CLUB » à Paris et qui recevait la clientèle banlieusarde attirée par la Soul, le Funk, et le Disco. Un endroit très populaire et mythique à la fin des années 1970…

En 2011, c’est du cinéma dans la lignée des films de Michel Audiard ou de ceux avec le Belmondo de la grande époque dont l’équipe d’Alakis’ se réclame. Kalid Bazi, l’un des producteurs et le compositeur de la bande son funky qui rythme l’action avec panache, confirme la volonté de perpétuer la tradition. « Tout en gardant une dimension sociale dans certains dialogues, notre objectif est de faire marrer les gens avec une comédie extrêmement populaire. » Et quand on lui demande si La planque est un film de banlieue, ce trentenaire volubile est catégorique : « Non. Mais ça transpire les quartiers populaires… C’est surtout un film très décalé ! »

Ahcen Titi, comédien depuis 1993, qui interprète le chauffeur peu fiable qui plante le braquage, a grandi dans la Cité Allende de Saint-Ouen (93). Lui aussi réfute le terme de film banlieusard : « C’est un film français populaire bourré de références. Aucune casquette à l’envers et aucun dialogue « wesh wesh » dans La planque… », ce que confirme Gilles Bellomi, un autre des pied-nickelés du gang de braqueurs le plus poissard que le cinéma mondial ait connu. « Il ne faut pas s’attendre à voir des clichés sur la banlieue. C’est une pure comédie mais qui parle aussi de valeurs humaines, de « la mentale » (savoir rester fidèle dans ses amitiés quoi qu’il arrive). Et puis il y a aussi des petits messages qui sont véhiculés… »

Gilles ne cesse de sourire, lui qui a assisté à toute la projection au côté du public pour guetter ses réactions : « Il y avait peu de membres de notre entourage à cette projection. La majorité du public était « du vrai public », qui ne nous connait pas personnellement. Or il a vraiment réagi là où on espérait qu’il réagisse ! » Gilles Bellomi, qui a gardé son vrai nom dans la fiction, ne redescend pas de son nuage : « C’est notre film « de famille » qui était présenté ce soir. On est toujours là pour les uns et pour les autres, quand il y a une naissance par exemple… Alors voir notre effort collectif autour de ce projet aboutir ! Et puis il y a Luc Besson. Quand j’étais jeune, il faisait partie de mes réalisateurs préférés. J’avais adoré Subway. Aujourd’hui, il est notre producteur et distributeur… »

Lundi soir à Rosny2, la bande d’amis qui pose sous les flashes des photographes à l’avant-première de leur long métrage ne fait pas qu’immortaliser un moment fort dans une carrière. Elle vient de réaliser un rêve.

Sandrine Dionys

Photo :  Le Parisien

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