Ce court essai sur la maternité vue par une femme aurait pu se nommer de milles et unes manières : « Rendez-vous en terres inconnues », « Les féministes font des bébés » ou bien encore « Touche pas à mon utérus » ! Pourtant, Amandine Dhée, a décidé de manière consciente et complètement dénué de tout déterminisme social formulé par une société masculine et patriarcale, d’intituler son livre « Une femme brouillon« . La maternité enjolivée par tout un discours hégémonique est décortiquée avec un humour piquant et une introspection efficace dans la psyché d’une future mère.

Amandine Dhée part du postulat que la mère est féministe, profondément féministe dans ses convictions et dans ses actions. Tout d’un coup, la voilà qui se retrouve piégée dans les attentes et les fantasmes que ses proches ont sur la maternité. Elle doit patauger pour ne pas tomber dans ses facilités de la mère n’attendant que le maternité pour s’accomplir en tant que femme. Elle est mise à l’épreuve dans ses convictions, se surprend à y prendre goût, mais se sent isolée, presque meurtrie dans la facilité dans laquelle tombent les autres femmes enceintes.

On suit les différentes étapes de la maternité, ses différents aspects, de l’annonce de la venue de l’enfant, au changement de ses couches en passant par la phase délicate de l’accouchement. Amandine Dhée ne prend pas de gants, ne fait aucun cas de la bienséance, elle met les pieds dans le plat avec un langage cru, en s’insurgeant avec justesse des clichés qui entourent la maternité.

L’approche est proprement philosophique. Il s’agit à la lecture du livre, de poser un débat sur ce que la doxa pense généralement de la maternité pour se réapproprier le discours sur les femmes enceintes trop normalisé. Intelligemment, Amandine Dhée déconstruit des idiomes, un peu comme Voltaire sur l’institution de l’église catholique. Des concepts sont lancés à la volée, la femme lézard, la femme brouillon, le père qui fait mieux les crêpes qu’elle et donc mieux qualifié pour être le porteur de l’enfant.

Se lisant d’un trait, nul besoin de progresser dans ce livre d’une manière linéaire ; le lecteur a la possibilité de choisir le chapitre qu’il souhaite sans être le moins du monde dérouté dans le développement de l’histoire. Cela ajoute de la vie et de la couleur à un essai drôle, fin, et accessible à tous.

Jimmy SAINT-LOUIS

Rencontre-dédicace à la librairie « Les 2 GeorgeS », 5 Rue des Frères Darty à Bondy ce jeudi 15 Février à partir de 19h avec Amandine Dhée autour de son livre « La femme brouillon« , lauréat du prix Hors Concours 2017

Articles liés

  • Sheng : de la rupture amoureuse à la reconnexion avec ses racines

    Jeune rappeuse d’origine sino-libanaise qui kicke en français et en mandarin, Sheng est un profil atypique de la scène hip-hop française. Alors qu’elle travaille sur son deuxième projet, l’artiste de 23 ans s’est entretenue avec le Bondy Blog pour parler réseaux sociaux, double culture, cœur brisé et, bien sûr, rap. Portrait.

    Par Sylsphée Bertili
    Le 21/03/2023
  • Entre rap et Rnb : Doria prend tout !

    La rappeuse Doria a sorti son nouveau hit, qui fait le tour de TikTok : C’est fini. Le même jour, elle avait rendez-vous avec son public sur la scène du Canal 93 à Bobigny. Elle nous parle de la création de ce morceau qui ne ressemble pas aux autres, et de la volonté de montrer toutes les facettes de sa personnalité en musique. Interview.

    Par Anissa Rami
    Le 15/03/2023
  • Décadrage colonial : L’Empire examiné par son imagerie

    Il ne reste que quelques jours pour visiter Décadrage colonial, une exposition gratuite à voir au sein de la Galerie de photographies du Centre Pompidou.

    Par Miguel Shema
    Le 21/02/2023