« C’est ici, le théâtre du Châtelet ? » me demande un couple juste devant l’entrée du théâtre, invitations en main. Le périmètre a pourtant été aménagé pour accueillir la cérémonie des Trophées des arts afro-caribéens. Tandis qu’une foule impatiente attend à l’extérieur, quelques « guests » rentrent sans faire la queue. Une limousine s’arrête devant le théâtre. Un groupe de jeunes femmes fait des pronostiques sur les célébrités qui se cache à l’intérieur. « C’est mon mari ! » clame ironiquement l’une d’entre elle en s’approchant du véhicule, prête à dégainer son appareil photo à tout moment. Personne n’en sortira.

Pour nous bloggeuses, l’entrée au théâtre du Châtelet ne se fera pas par la grande porte sous le feux des projecteurs mais plus bas, dans une rue assez obscure. Ce que nous voulons voir ce soir, c’est de la star. Au lieu de ça, nous croisons un sosie de David Beckham, le téléphone portable greffé à l’oreille droite. Ou encore Willy Denzey, chanteur de RnB venu avec son groupe. On commence timidement. La salle réservée aux journalistes n’a rien de plaisante. Direction donc les loges pour voir la cérémonie autrement qu’à travers un écran plasma familial.

Dans les escaliers qui mènent aux cocons des personnalités de la soirée, voici Lilian Thuram montant les marches encadré par quatre personnes. Pas une minute à perdre pour l’aborder. « Ah vous ! Vous commencez l’interview comme ça ! », nous lance-t-il ironiquement avant de prendre le temps de s’entretenir plus longuement deux étages plus haut. « Oui je viens me maquiller dès que les filles me laisse tranquille », dit-il à un membre du staff avant de revenir sur l’importance qu’il accorde à cette cérémonie.

« C’est une très bonne initiative qui prouve des mentalités avancent. Il faut commencer par quelque chose. C’est aussi l’occasion de véhiculer un message ouvert aux autres communautés. Et pour donner une estime de soi aux plus jeunes, en leur fournissant des exemples », conclut l’ex-footballeur avant de se prêter au jeu des photos souvenirs. Chanteurs et animateurs se succèdent au maquillage. L’étroite pièce bleue avec ses quatre miroirs qui se font face s’anime. Fanny J et Marc-Antoine, nominés à la catégorie musicale « Révélation de l’année » en ressortent transformés. La maquilleuse est quant à elle excédée. Claudy Siar attend encore son tour.

Ce soir, il décernera le prix de la catégorie littéraire. « Une catégorie littéraire dans une cérémonie consacrée aux arts afro-caribéens, ça nous revoit dans le passé, à tous ces auteurs que la France à oubliés – Et vous êtes là pour les représenter ?, interroge Wellé. – Toi-même tu sais ! », lance-t-il avant d’entrer dans la salle maquillage. François Durpaire, l’auteur de « L’Amérique de Barack Obama » lance un appel au vote pour son candidat aux Bondynois: « Bondy avec Obama ! Obama avec Bondy, ça je ne suis pas sûr !, plaisante-t-il. Peut-être que ça viendra. »

Steeve-André, membre de l’organisation, en charge de la sécurité, est confiant quant aux retombées de la soirée mais s’abstient de dévoiler des informations sur l’avenir des Trophées. Changement d’étage, en quête de nouvelles rencontres. Les premières loges sont fermées à clef. Logique pour celle de Sonia Rolland, qui co-anime au moment même la soirée. Nous suivons alors un bruit de fond provenant du bout du couloir. Ici, l’intimité des loges ne semble plus exister. Presque toutes les portes sont ouvertes et les occupants debout dans le passage étroit. Les artistes se font plus disponibles à l’instar de Soprano : « J’essaie de représenter au maximum l’Afrique. C’est d’ailleurs ici (en 2007, au Casino de Paris, ndlr) que j’ai reçu mon premier trophée. Là, je dois aller au maquillage mais si vous filmez on va dire « Soprano c’est une meuf, il se maquille » », rigole le rappeur.

Voici Raphaël : « J’étais content de venir, c’était surtout un appel pour Haïti, frappé par plusieurs ouragans. J’ai été touché que l’on pense à moi… C’est ce que l’on m’a dit en tout cas ! » La soirée touche à sa fin. Nous redescendons au premier étage, à l’endroit où les personnalités sortent de scène. Un agent de sécurité se tient debout devant la porte d’accès de la scène depuis le début de la soirée. L’ex-Miss France le salue avant de desserrer le nœud de sa robe noire devant l’ascenseur. « Moi, les stars, ça ne m’intéresse pas, confie l’agent de sécurité, un Espagnol d’origine congolaise. Je fais juste mon travail. Je préfère laisser tout ça aux jeunes ! »

Mathy Mendy (avec Wellé Koné)

Sur le même sujet, publié plus tôt ce matin Les-trophees-afro-caribeens-s-enlisent-au-chatelet

Légendes photos, de haut en bas : Lilian Thuram (à droite); Soprano.

Mathy Mendy

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